Cortèges de voitures, drapeaux algériens sur les pare-brises, klaxons et une ambiance euphorique caractérisaient, hier en fin de matinée, l'affluence des futurs hadjis qui devaient prendre le vol prévu à 16h pour Djeddah. Mais ceux-là ne se doutaient pas qu'à l'intérieur de l'aéroport, la délégation qui devait s'envoler à 4h du matin a vécu le calvaire pour avoir été encore coincée dans la salle d'embarquement. « Nous devions prendre le vol de 4h15. Ils nous ont dit qu'il y avait un problème technique à régler et à 10h, ils sont venus nous proposer d'aller à Alger dans un vol spécial et, à partir de là, vers les Lieux Saints. » « Nous avons refusé parce que nous avions peur d'être livrés à nous-mêmes une fois dans la capitale. » Ce sont les propos d'un concerné contacté par téléphone. Non seulement la salle d'embarquement est inaccessible mais même l'enceinte de l'aéroport d'Es-Senia est fortement surveillée et n'y ont accès que les voyageurs. Cette situation est habituelle aux vols des hadjis en raison du nombre important (familles, amis) des accompagnateurs. « Pensez aux personnes âgées mais surtout à ceux qui sont en plus atteints de maladies chroniques et qui souffrent de cette attente », ajoute le même interlocuteur dans un brouhaha indescriptible pour décrire la situation. Le calvaire est fortement ressenti par les pèlerins qui sont venus de Sidi Bel Abbès ou de Relizane et qui ont dû prendre le départ en voiture, de nuit. « Nous avons proposé aux autorités aéroportuaires et aux agents d'Air Algérie de faire venir l'avion d'Alger pour nous permettre de décoller directement vers Djeddah mais ils ont refusé », s'indigne M. Khelifa qui constate qu'à midi aucune solution de rechange n'a été trouvée pour près de 270 passagers. « Après de fortes intimidations, tout le monde est monté à bord pour Alger. Avenir inconnu. Je vous tiendrai informé. » C'est l'avant-dernier message SMS envoyé à 12h20 mais, à 12h54, M. Khelifa écrit : « A la dernière minute, tout a changé. On va prendre l'appareil qui est arrivé de Djeddah pour partir directement mais le problème sera transféré sur le vol suivant ». C'est-à-dire vers ceux qui, une heure plus tôt, arrivaient en fanfare vers l'aéroport.