L'explosion survenue vendredi matin devant l'ambassade d'Indonésie a remis le risque terroriste sur le devant de la scène dans la capitale française. Dominique de Villepin a réuni vendredi dans la matinée, place Beauvau, le Conseil de renseignement intérieur pour « évaluer la situation » et « les éventuelles menaces qui pèseraient sur la France ». Cette instance, qui regroupe les directeurs de la police, de la gendarmerie, des services de renseignement et le préfet de police de Paris, a décidé de « renforcer la protection des lieux sensibles, notamment des représentations diplomatiques ». Le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier a affirmé que cet attentat « nous renforce dans notre détermination, aux côtés de l'Indonésie, mais aussi aux côtés de tous les autres pays du monde, à continuer notre lutte contre le terrorisme ». « S'il n'y a pas eu d'attentats depuis 1996 en France, ce n'est pas le fait du hasard. Je peux vous dire que chaque année nous avons arrêté des réseaux susceptibles de passer à l'action avec des probabilités supérieures à 90% », soulignait récemment le juge d'instruction antiterroriste Jean-Louis Bruguière. Dans leur lutte contre le terrorisme et ses réseaux de soutien, les autorités françaises ont mis en place un certain nombre de dispositifs : techniques, législatifs et réglementaires, de renseignement... C'est ainsi qu'une unité spécialisée contre les attaques chimiques ou bactériologiques, la compagnie Nucléaire, radiologie, biologique et chimique (NRBC) est en cours de recrutement à Paris. Pour la première fois, une cellule permanente et collégiale, regroupant des représentants de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), de la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) et de la Direction de la surveillance du territoire (DST), est sur le point de voir le jour. Cette cellule sera installée à la « Piscine », au sein des bâtiments de la DGSE, à Paris, selon Le Monde (édition du 17 septembre). Le Comité interministériel de lutte antiterroriste (Cilat), présidé par le ministre de l'Intérieur, a été réactivé pour impliquer les autres administrations concernées par les cibles potentielles des terroristes et les questions de sécurité nationale. Au plan international, la France resserre sa coopération en matière de lutte contre le terrorisme et ses sources de financement avec les pays du Maghreb. Cette coopération sera au centre des entretiens qu'aura lundi et mardi le ministre de l'Intérieur français avec les responsables algériens. Au niveau européen, la lutte antiterroriste se renforce également. Il est à rappeler que les pays de l'Union européenne (UE) ont convenu que l'introduction des données biométriques dans les passeports et les visas, ainsi que l'alignement de la directive européenne sur la sécurité des ports et des navires sur la sécurité aérienne entreront en application d'ici à fin 2005 et non plus à fin 2006.