Retardé pour quelques jours, le commerce des troupeaux de moutons s'ouvre avec agitation. A cinq jours de l'Aïd, la contamination par la fièvre aphteuse étant exclue par les conclusions des enquêtes sanitaires, les troupeaux sont amenés par centaines dans des camions aménagés pour la circonstance, de toutes les wilayas réputées pour leur élevage d'ovins. De Tiaret, d'El Bayadh, de Laghouat ou de plus loin, ils sont cédés à des prix variant selon leur volume en viande. Les plus lourds, 35 kg, atteignent jusqu'à 30 000 DA. Les vendeurs s'en prennent aux enquêtes des services sanitaires des directions de l'agriculture qui, selon eux , leur ont imposé, semble-t-il, des contrôles sanitaires ces derniers mois. « Une baisse des prix du marché qui va les pénaliser. » Après explication, il nous est affirmé qu'habituellement la vente commence vingt jours à un mois avant l'Aïd. « Cette année, nous n'avons que quelques jours pour écouler nos troupeaux réservés à la seule consommation de l'Aïd. » Munis de certificats sanitaires (pour certains seulement) supervisés par la direction des services agricoles de leur wilaya d'origine, des éleveurs de Laghouat et d'El Bayadh savent que la fièvre aphteuse n'a pas touché leurs cheptels. La direction des services vétérinaires à la DSA de Ghardaïa souligne que la vigilance était tout de même nécessaire, même si l'on admet à ce niveau qu'à part des cas isolés le cheptel ovin est effectivement épargné. Forts de l'ouverture officielle et sans risque du marché, éleveurs et inévitables spéculateurs, installés parfois illégalement aux alentours des communes de la wilaya, cèdent au plus offrant leurs troupeaux. Il s'ensuit un commerce tout à fait anarchique avec la ruée de certains citoyens qui n'hésitent pas à payer jusqu'à 32 000 DA leur bélier. Pour prouver que les prix ne sont pas excessifs, les éleveurs entraînent les intéressés vers les moins chers. Dans cette fourchette, il faudra compter pas moins de 10 000 à 12 000 DA. Dans les marchandages, les vendeurs en arrivent jusqu'à démentir les rumeurs ayant fait état de 30 000 DA la pièce. Avec ces quelques marques de bonne volonté, certains en sont arrivés à écouler une bonne partie de leurs troupeaux auprès de dizaines d'acheteurs. A l'entrée de Berriane, aux abords de la route nationale n°1, où la réglementation n'indique aucun point de vente légale, les tractations sont tout autres. Curieusement, les prix des moutons et des béliers sont nettement supérieurs par rapport à ceux appliqués à Ghardaïa. Cependant, en camions pleins à craquer, les éleveurs espèrent écouler le cheptel qui leur reste sur les bras, mais quelques pères de famille excluent les dépenses qu'ils ne peuvent d'ailleurs pas se permettre, considérant que le rite ne concerne pas nécessairement les démunis.