Les marchands de bétail sont de retour à Alger. Moins d'un mois nous sépare de l'Aïd El Kebir et la première ville du pays commence à se ruraliser encore davantage. En fait, les premiers troupeaux destinés au sacrifice sont aperçus dans différentes communes. Des maquignons venus des wilayas de l'intérieur et des jeunes commerçants saisonniers occupent des espaces à l'intérieur même des centres urbains. A Dergana, apprend-on auprès des citoyens, des espaces verts et des caves d'immeubles ont été transformés en étables. « Cela dérange certes, mais personne ne s'oppose puisque les vendeurs sont des jeunes de la cité (Ouled l'houma) », dira un père de famille, ajoutant que ce commerce est momentané. « C'est une question de trois semaines, pas plus ! » Cependant, cet avis n'est pas partagé par tous les habitants. « Les autorités locales doivent prendre les mesures qui s'imposent », exige un autre citoyen. A Cinq Maisons, dans la commune d'El Mohammadia, un local qui servait, il y a quelques mois, de rôtisserie a été transformé en étable en pleine ville. Des centaines de moutons y sont parqués depuis plusieurs jours. Même constat dans la commune d'El Biar. A quelques pas du ministère de la Défense, un local fait office, depuis quelques jours, de commerce de moutons. A un jet de pierre de là, dans la commune de Oued Korich, un troupeau de bétail paissait tranquillement dans un espace vert pas loin du siège de l'APC. A El Hamiz, dans la commune de Dar El Beïda, des troupeaux ont été exposés à quelques pas de la bretelle qui mène vers le centre urbain. Les acheteurs commencent à affluer et « des centaines de têtes ont déjà été écoulées », affirme un habitant. Si les prix sont astronomiques, ils oscillaient entre 24 000 et 40 000 DA le mouton, la disponibilité ne semble pas être un problème pour les citoyens voulant faire le sacrifice. C'est pourquoi, il faut s'attendre à encore plus de désordre et d'anarchie à l'approche de l'Aïd. L'année dernière, le wali d'Alger a interdit le commerce du bétail en ville, une décision qui visait à protéger les espaces verts et de distraction de la capitale et à éviter d'éventuels encombrements de la circulation automobile et désagréments aux citadins. N'empêche que ladite instruction n'a pas donné les résultats escomptés et rien n'a pu arrêter les vagues déferlantes des petits enfants et pères de famille qui se baladaient avec leurs moutons dans les rues principales de la ville. Mais à ce rythme, ces scènes devraient commencer dans les prochains jours et non pas aux dernières heures de l'Aïd, comme c'était le cas dans les années écoulées. Des citoyens de plusieurs communes, telles que Gué de Constantine, Bab Ezzouar, Bir Mourad Raïs affirment, que dans les jours à venir, « des centaines de têtes envahiront les cités et quartiers, comme à l'accoutumée ». « C'est ce qui fait le charme de l'Aïd », estime une mère de famille, ajoutant cependant, qu'il est nécessaire d'« organiser cette activité et de sensibiliser les habitants pour éviter les odeurs nauséabondes, les immondices et autres risques de maladies que cette proximité peut générer ».