La réunion du ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, avec les procureurs généraux et les présidents de cour a finalement eu lieu hier à huis clos. Après une intervention de près de 20 minutes, le garde des Sceaux a prié les journalistes de quitter la salle, comme si le bilan des activités des chefs de cour pouvait relever du secret. Le ministre a raté, malheureusement, l'occasion de débattre en toute transparence des réalisations et retards enregistrés dans un secteur qui concerne directement le justiciable. Le ministre avait pourtant autorisé, l'année passée, les journalistes à suivre les travaux de la réunion identique avec les chefs de cour et les résultats ont permis à l'opinion publique de s'informer sur les avancées de la réforme et surtout les problèmes vécus par les magistrats. Lors de sa courte intervention en présence de la presse, Tayeb Belaïz a insisté sur l'importance de la réforme. Elle doit, a-t-il indiqué en citant les déclarations du chef de l'Etat, se poursuivre avec la même dynamique dans le but d'assurer une meilleure qualité des décisions de justice et de moderniser tous les instruments de gestion et de jugement. Selon lui, la réforme s'articule autour de quatre volets aussi importants les uns que les autres. Le premier est la révision de l'arsenal juridique et à ce titre il est important de noter que 39 lois ont été promulguées en l'espace de 6 ans, dont celles liées à la lutte contre la drogue, la corruption, la contrebande, ainsi que les codes de procédures civile et pénale. Le second volet concerne la ressource humaine, « c'est-à-dire la formation de magistrats à même d'appliquer les nouvelles lois, sinon, a-t-il précisé, ces textes ne seront que des mots sur du papier. Nous avons aujourd'hui 3250 magistrats, dont moi-même, c'est encore très faible par rapport à la demande. Nous comptons d'ici 2009 combler plus ou moins ce déficit pour atteindre le nombre de 4500 juges. » Le troisième chapitre, a noté le ministre, a trait à la modernisation de la gestion de l'administration judiciaire. « Le projet d'informatisation de toutes les cours et tous les tribunaux entre dans ce cadre et devra permettre de suivre de près tous les actes de la justice, de même qu'il permettra de mieux contrôler le travail de la police judiciaire, à travers le contrôle des gardes à vue, des mandats d'arrêt et de recherche. » Le quatrième volet concerne, a indiqué Tayeb Belaïz, la gestion de l'administration pénitentiaire. « Je voudrais avoir une évaluation de l'application des nouveaux textes, surtout quels sont les textes qui posent problème dans leur mise en vigueur ? Quelle est l'évolution de la gestion des ressources humaines et sa répercussion sur l'acte de justice ? Est-ce que la spécialisation a apporté ses fruits ? Exercent-elles véritablement leur spécialité ? Est-ce que le réseau informatique permet une gestion plus moderne et rapide ? Quels sont les problèmes rencontrés en matière d'informatisation du casier judiciaire, de la réhabilitation judiciaire etc. ? Qu'en est-il des nouvelles dispositions en matière de liberté conditionnelle ou de la semi-liberté accordée à certaines catégories de détenus ? », a lancé le ministre à l'adresse des chefs de cour en leur demandant d'apporter des réponses concises à toutes ces questions, même s'il faut rester des jours et des nuits. Avant que les magistrats ne commencent à s'exprimer, le ministre a demandé aux journalistes de quitter la salle.