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Alain Mabanckou (Ecrivavain) : Un fabuliste moderne
Publié dans El Watan le 28 - 12 - 2006

Alain Mabanckou a reçu le prix Renaudot 2006 pour son roman Mémoires de porc-épic, édité au Seuil. Ce Congolais se confirme ainsi comme une des plumes actuelles les plus talentueuses.
Né au Congo-Brazzaville en 1966, Alain Mabanckou vit aujourd'hui aux Etats-Unis. Il enseigne la littérature francophone à l'UCLA de Los Angelès. Il s'est fait connaître grâce à la poésie dans les années 1990, mais c'est par son premier roman, Verre cassé, publié en 2005, qu'il connaît la notoriété avec le prix Ouest-France et le prix des Cinq Continents. Boulimique, il a écrit depuis quatre romans dont Bleu blanc rouge, African psycho et Les petits fils nègres de Vercingétorix. Sa volonté d'écrire et d'être présent dans le monde littéraire est impressionnante, car il adore raconter des histoires et publie à grande vitesse sans entamer la qualité stylistique de son écriture. Le prix Renaudot 2006 complimente ainsi un récit superbement rédigé mais des plus étranges car le lecteur est désemparé au début du récit. En effet, le personnage principal n'est pas une personne, mais un animal, un porc-épic qui parle sans interruption de ses déboires et d'une vie qui est loin de celle d'un porc-épic normal. Le récit endosse une dimension originale quand on se rend compte que c'est une fable mais pas à la manière de Jean de la Fontaine. C'est une histoire étrange qui ne peut avoir lieu qu'en Afrique. Ce porc-épic est en fait le double d'une personne, Kibandi, qui vit dans un village au Congo. Le porc-épic raconte la vie qu'il a eu grâce ou à cause de ce Kibandi dans le sens où il a pu vivre longtemps, le temps d'une vie humaine, alors que la vie d'un porc-épic peut être très courte pour diverses raisons, comme les accidents qui peuvent survenir avec l'un de ces gros camions qui viennent au village prendre les produits dont la ville a besoin. Témoin de la vie de Kibandi, le lecteur rentre par le récit du porc-épic dans la vie intime du village et celle des parents de Kibandi. Et les choses qu'il raconte ne sont pas tristes ! En Afrique chaque être humain a son double qui veille sur lui, le protège, lui raconte tout et le prévient des problèmes, des trahisons ou des passe-droits. De son expérience de double d'un humain, le porc-épic affirme : « A vrai dire, je n'ai rien à envier aux hommes, je me moque de leur prétendue intelligence ». Kibandi confie au porc-épic des missions difficiles, voire scabreuses. Il doit tuer les ennemis de Kibandi, en particulier Amédée, raffiné et lettré, qui a les faveurs de la belle Kimounou dont Kibandi est en vain amoureux. La morale de l'histoire est que l'homme a besoin de son double pour accomplir ce qu'il n'a pas le courage de faire en plein jour, sous peine d'être arrêté et emprisonné. Le porc-épic finit par tuer Kimounou et Amédée en solidarité avec son double. Kibandi est déjà décédé au Baobab, cet arbre africain mythique qui est un réconfort dans un monde brutal et c'est donc le porc-épic qui raconte sa vie. Le coup de force d'Alain Mabanckou est aussi dans ce procédé narratif. Mis à part les meurtres honteux de Kibandi, commis par porc-épic interposé, ce dernier dénonce l'attitude des Blancs qui viennent et qui « prennent nos coutumes pour de la simple rigolade ». Il dénonce aussi la déformation par ces mêmes Blancs de la réalité des coutumes du village de Séképembé dans un livre honteux, symbole de l'ethnocentrisme : « Il est humiliant pour les sociétés africaines, c'est un tissu de mensonges de la part d'un groupe d'Européens en quête d'exotisme et qui souhaite que les nègres continuent à s'habiller en peaux de léopards et à habiter dans les arbres ». La prouesse d'Alain Mabanckou est d'extraire le roman africain de la politique visible et de la dénonciation frontale des systèmes corrompus. Il réutilise pour cela l'oralité afin d'entrer dans un monde complexe et de mieux comprendre les humains. Il nous montre comment à travers une fable, écrite avec modernité, peut se dévoiler la nature humaine, quelle que soit la couleur de la peau, car demande-t-il, « qui de l'homme ou de l'animal est vraiment une bête ? » Vaste question à laquelle tente de répondre ce récit allégorique.

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