L'émission de politique – fiction diffusée, sans annonce préalable, peu après 20 h par la RTBF, à un semestre de la renégociation, par les élections législatives, des pouvoirs entre néerlandophones et francophones dans l'Etat central, a annoncé que « la Belgique n'existe plus », suscitant ainsi en l'exigu royaume un débat explosif. Même si un bandeau d'annonce « ceci n'est peut-être pas de la fiction » était censé cadrer l'objectif de l'émission singulière. L'évènement interpelle sur ses dimensions didactiques et éthiques à faire saisir dans l'opinion publique l'importance de cette unité, de même que sur les fins et moyens d'un service public d'audiovisuel. Devant les réactions multiples, et portées des canaux de blogs aux appels téléphoniques bombardant les standards de l'établissement, les responsables de la RTBF ont tenté d'expliquer que l'objectif « sain » de l'émission a été de faire voir par les divers scénarios de reportages fictifs comment l'éclatement du royaume allait créer en divers domaines des conséquences désastreuses. Les réalités du débat public dans le pays sont telles en effet que les questions liées à l'avenir du royaume figurent à la traîne des préoccupations de l'opinion publique. Parmi les toutes premières réactions officielles majeures, le chef du gouvernement flamand Yves Leterme, allié pourtant à un petit parti revendiquant l'indépendance de la Flandre, a fustigé "une émission destinée à dresser les Wallons contre les Flamands". Philippe Dutilleul, le présentateur vedette de l'émission n'en est pas à son premier coup de « journalisme déjanté » ; il paraît tout de même dépassé par l'importance des réactions induites par son "Bye-bye Belgium" : "Je ne m'attendais pas à ça, non vraiment pas... Je ne suis pas un révolutionnaire". Longtemps adulé en « génie » du petit écran, ses programmes comme « strip- tease » étaient recherchés. Il s'inquiétait, a-t-il expliqué, de saisir et alerter « sincèrement de l'expansion de l'extrême droite ultranationaliste en Flandre et de la contamination des formations démocratiques par ses idées. Faisant le compte des séparatistes, des confédéralistes et autonomistes, une majorité des Flamands ont déjà opté pour une séparation, douce ou brutale. » Dans la presse écrite un journaliste estime que le canular télévisé a réussi à toucher positivement les Belges. « Inquiète, peut-être hostile au départ, estime-t il, une majorité de l'opinion a basculé, applaudissant finalement l'audace de la RTBF, qui a, sans doute, mis le doigt sur autre chose que la peur de l'éclatement de l'Etat : les citoyens francophones ont le sentiment que, en évoquant perpétuellement - et généralement sans les résoudre -, les questions institutionnelles, les responsables politiques masquent en réalité leur incapacité à aborder les véritables problèmes de la société. » La Libre Belgique y a vu aussi « acte salutaire », cependant que le Soir conjecture que "l'idée de voir un jour le pays se scinder est désormais dans l'ordre des choses ». Le responsable de Bye bye Belgium, auditionné par le Conseil d'administration de la RTBF n'a pas été sanctionné. Il défend ainsi son initiative. « J'assume pleinement notre choix quant au fond et à l'opportunité. Des dizaines de milliers de téléspectateurs ont suivi jusqu'au début de la nuit le débat aride qui suivait notre émission. Cela prouve que le sujet préoccupe réellement les gens. Si le service public ne peut plus prendre la parole, interpeller, alors il est urgent de fermer boutique. Nous avons fait le choix, après deux années de discussions intenses, de traiter de manière inhabituelle un sujet qui concerne de près les citoyens mais s'est révélé très complexe. Le début de notre émission a suscité chez certains une émotion que nous ne souhaitions pas, ce qui nous renvoie à des questions sur la déontologie, l'écriture audiovisuelle ou les moyens que nous avons utilisés. Certains n'ont pas perçu les signes dont nous pensions qu'ils montraient que l'émission était une fiction. »