Bye-bye Belgium », « Ce pays a-t-il encore un sens ? » : les unes des journaux belges, francophones surtout, reflétaient hier l'inquiétude de la presse nationale sur l'avenir du pays au lendemain d'une énième démission du gouvernement. Le quotidien bruxellois Le Soir se montre de loin le plus préoccupé. Sa première page, barrée d'une énorme question : « Ce pays a-t-il encore un sens ? ». Il aligne les interrogations. « Y a-t-il encore un sens à maintenir un pays où il n'existe plus d'hommes et femmes, ou de systèmes, capables de construire des compromis, même réduits, indispensables à la poursuite de la Belgique ? ». Si tel n'est plus le cas, et « il faudra passer à autre chose et l'assumer », ajoute-t-il. Le quotidien populaire francophone, La Dernière Heure prophétise en une un « Bye- bye Belgium », avec une mention ironique, précisant : « Ceci n'est pas une fiction. » Une référence à une fausse émission télévisée belge qui, il y a quelques années, avait suscité un énorme émoi en annonçant en direct aux téléspectateurs la déclaration d'indépendance des Flamands de Belgique. Pour La Libre Belgique, c'est « le coup de force flamand » qui retient surtout l'attention. A savoir une tentative, jeudi, de tous les partis flamands, juste après la démission du gouvernement, de faire voter à la hussarde à la Chambre des députés un texte de loi remettant en cause des droits linguistiques des francophones vivant en Flandre. La presse néerlandophone se veut moins dramatique, saluant même pour certains journaux le coup tactique du président du parti libéral flamand (Open VLD) qui a provoqué la crise en claquant la porte de la fragile coalition gouvernementale. De Standaard, le quotidien flamand de référence, n'en est pas moins inquiet. Il voit dans les nouveaux soubresauts actuels « un signe clair de l'impuissance de la politique belge ». « Dans ce pays, les francophones et les Flamands ne sont plus en mesure de trouver un accord sur un symbole », juge-t-il à propos de l'impasse dans les négociations sur les droits linguistiques des francophones de la banlieue flamande de Bruxelles, qui a mis le feu aux poudres. La Gazet van Antwerpen se pose elle la question qui taraude tous les Belges : que va-t-il se passer « après le chaos » ?