L'auditorium de la Radio nationale a vibré en cette soirée de mercredi 27 décembre. Sur scène, en live sur les ondes de la Chaîne II, le groupe Ideflawen a si bien réussi à bercer le public durant trois heures avec sa musique moderne et des paroles poétiques. Invité de l'émission mensuelle « Ighezif ayidh » (« ô nuit sois plus longue ! »), consacrée à ceux qui ont façonné la chanson kabyle, le groupe légendaire, à sa tête Ali Ideflawen, n'a pas manqué d'inspiration. De Svah lkheir (bonjour à tout le monde) à Ma sousmegh ougadhegh l'muth (si je me tais, j'ai donc peur de la mort), en passant par Tilemzith (la jeune fille), le groupe a retrouvé l'ambiance d'antan. Entre discussion en direct avec l'animatrice de l'émission, chansons, questions et réactions du public présent dans la salle ainsi que celles des auditeurs via le net, le moment fut exceptionnel. Longtemps absent de la scène artistique, le groupe n'a finalement rien perdu de sa grandeur, de son ton et de sa percutante façon de chanter. Presque au grand complet, Ideflawen se retrouve à la Chaîne II, après 13 ans d'éparpillement, comme l'a si bien attesté Ali Ideflawen, le seul « élément » du groupe qui est resté dans le domaine artistique. Hormis leur grand parolier Lhacène Ziani, qui vit au Canada et qui a participé tant bien que mal à l'émission par téléphone, les quatre autres étaient tous sur le plateau, bien présents avec leurs instruments musicaux : Ali Ideflawen, Zahir Adjou, Hocine Lounis et Ali Ouali. Le dernier gala qui porte la griffe du groupe remonte à il y a plus de treize ans. « Les conditions sociales ont fait que chacun de nous opte pour la voie qui l'arrange le mieux… C'est ainsi qu'on n'a pas chanté ensemble pendant ces 13 dernières années », a noté Ali Ideflawen. D'une humilité exemplaire, il est revenu sur le passé du groupe, les conditions de sa création et son riche parcours de près de 30 ans. La première chanson du groupe était Tidhets (la vérité), a souligné Zahir Adjou, guitariste et membre fondateur du groupe, lequel n'a pas manqué de rappeler les conditions, à la fois matérielles et politiques, difficiles dans lesquelles a vu le jour le groupe. Sa création en 1976 a été rendue possible grâce à l'aide de certains grands hommes de la culture, tels que Belkacem Bacha. Au début de son parcours, le groupe Ideflawen a eu à passer dans des émissions artistiques à la Chaîne II, notamment celle animée par Acherouf Iddir. Ideflawen s'est vite illustré par sa chanson engagée, à l'époque où parler en kabyle à Alger était presque assimilé à un péché capital. « Nous avons su dire les choses autrement à cette époque… », a indiqué Ali Ideflawen. Au début des 1990, le groupe changea de ton, passant de la métaphore au message direct, fort et percutant. Parmi les chansons avec lesquelles s'est distingué le groupe, l'on peut citer Adhyahlou ufedikhiw (ma blessure guérira) et Berwaguiya (chanson faite sur la célèbre prison de Berrouaghia, située dans la wilaya de Médéa, dans laquelle plusieurs militants de la cause berbère ont été emprisonnés et mêmes torturés durant les années 70 et 80. Il faut dire que la soirée de mercredi dernier a donné un nouveau souffle au groupe qui compte se remettre au travail d'équipe. Ali Ideflawen a d'ailleurs promis aux fans du groupe un nouveau produit prochainement.