L'ex-président irakien Saddam Hussein a été exécuté par pendaison avant-hier, samedi. Sa mort intervient dans un contexte marqué par la systématisation des actes de violence sur lesquels elle n'exerce aucune incidence. Bien au contraire, les attentats n'ont pas cessé et la crainte est de voir l'Irak sombrer dans une spirale encore plus infernale si cela était possible. Car dans l'exécution de Saddam Hussein il y a la part de la vengeance sur un homme accusé des plus abominables crimes contre ses compatriotes kurdes et chiites. L'occupant américain a ravivé les dissensions entre communautés en Irak et mis en œuvre les conditions d'un affrontement mortel entre chiites et sunnites. Exclu de la scène politique irakienne après sa destitution puis son arrestation, Saddam Hussein n'était plus un acteur de décision. Pour autant, il restait le témoin privilégié des liens qu'avait entretenu l'Irak, sous sa direction, avec nombre de puissances dont les Etats-Unis d'Amérique. Un témoin qui aurait pu avoir nombre de choses à dire sur les fournisseurs de ces armes interdites qui lui avaient permis de faire tant de victimes kurdes et chiites, mais aussi de soutenir des années durant une guerre particulièrement meurtrière avec l'Iran. Pour avoir agi en chef d'Etat à l'époque des faits qui lui ont été reprochés, Saddam Hussein n'était pas éligible au bénéfice de l'immunité aux yeux de ses juges irakiens et encore moins à ceux de l'administration américaine qui garde la haute main sur tout ce qui touche l'Irak. La liquidation de l'ex-dictateur irakien ne va alors pas mettre un terme à la tumultueuse histoire de l'Irak. C'est l'après-Saddam qui a en fait commencé et les dirigeants irakiens n'auront plus la justification, désormais, de se décharger sur un tyran qui n'est plus de ce monde des malheurs de leur pays. Ces dirigeants pourront-ils tourner la page et œuvrer à instaurer la paix et la réconciliation entre Irakiens ? Ils partent avec les défaveurs du pronostic tant ils font figure de supplétifs de l'autorité d'occupation américaine et à ce titre, leur action manquera toujours d'une part de crédit politique pour atteindre la légitimité. Nul n'ignore qu'en réalité c'est l'Administration Bush qui décide de tout en Irak où elle ne peut toutefois rien faire car elle est un corps étranger. Après avoir précipité l'Irak dans l'horreur la plus absolue, le président américain n'a plus que le souci de se dépêtrer du sanglant théâtre des opérations qu'est devenu l'Irak. Même s'il paraît ne pas y avoir touché en apparence, il ne fait pas de doute que la décision d'exécuter Saddam Hussein n'a pu être prise qu'avec l'assentiment direct de la Maison-Blanche. Pour quel gain stratégique ? La question reste posée tellement la pendaison de Saddam Hussein, et tout le cérémonial macabre qui l'a entourée, ne résout, aujourd'hui, aucun des problèmes sérieux auxquels se trouve confronté l'Irak. A cet égard, l'année 2007 — avec ou sans Saddam Hussein — s'annonce sous les plus sombres auspices pour ce pays qui a basculé dans le plus effroyable chaos.