Sourdes aux appels au sursis d'exécution de la peine de mort, les autorités irakiennes ont pendu, hier, les deux hommes. En dépit des appels de la communauté internationale au sursis d'exécution des deux condamnés à mort du procès de Doujail, Barzan Ibrahim Al Hassan, dit Barzan Al-Tikriti, et Awad Ahmed Al Bandar, les autorités irakiennes ont appliqué, hier à l'aube, la sentence à l'encontre des deux co-accusés de l'ex-président irakien Saddam Hussein, dont l'exécution barbare, le 30 décembre 2006, a été unanimement condamnée dans le monde. Tirant sans doute la leçon du ratage de l'exécution de l'ancien président irakien, et des dépassements qui l'ont entourée, les autorités irakiennes ont fait le black-out total sur la date d'application de la sentence pour les condamnés dont même les familles et les avocats n'ont pas été informés. Ainsi, Issam Al-Ghazzawi, avocat jordanien des deux hommes, qui leur a rendus visite vendredi, n'a pas caché sa surprise indiquant: «Nous étions vendredi à Baghdad où nous avions rencontré Barzan et Bandar et personne ne nous a informés de la date de l'exécution malgré notre demande de la présence d'un représentant de notre comité à l'application de la sentence». Celle-ci eut donc lieu hier à l'aube, dans la plus totale discrétion, selon le porte-parole du Premier ministre, Nouri Al Maliki, Ali Al Dabbagh, lequel a, dans une conférence de presse, indiqué que «Barzan Al-Tikriti et Awad Al-Bandar ont été pendus ce matin (hier)», deux semaines après l'exécution par pendaison de l'ex-président irakien Saddam Hussein. L'application de la sentence contre les deux membres de l'ancien régime irakien, condamnés à la peine capitale pour leur responsabilité dans la mort de 148 villageois chiites en 1982, a eu lieu à 03h00 locales (00h00 GMT) dans un lieu qui n'a pas été révélé. Elle s'est déroulée en présence du procureur Mounqith Al-Faroun, d'un juge et d'un médecin, selon lui. «La tête de Barzan s'est détachée de son corps lors de sa pendaison. Cela arrive rarement mais c'est arrivé. C'est un acte de Dieu. C'est un incident qui est déjà arrivé auparavant», a par ailleurs précisé M.Dabbagh, (selon la traduction officielle en anglais de sa déclaration en arabe, rapportée par les agences internationales). «Comme prévu par la loi, les deux condamnés ont été informés du verdict de condamnation à mort prononcé par le Haut tribunal pénal irakien. L'exécution s'est déroulée dans la dignité. Il n'y a eu aucune violation», a-t-il ajouté. «Nous avons informé tous les témoins assistant à l'exécution qu'ils devaient se comporter avec dignité et respect. Ces témoins se sont engagés par écrit à respecter la dignité des condamnés pendant l'exécution», a dit M.Dabbagh. «Les familles des deux condamnés seront informées pour venir récupérer les corps», a conclu le représentant du gouvernement irakien. L'exécution de Barzan Al-Tikriti, demi-frère de Saddam Hussein et ancien chef des services de renseignements, et de Awad Al-Bandar, ex-président du tribunal révolutionnaire, avait été annoncée en début de matinée par une source gouvernementale qui s'exprimait sous couvert de l'anonymat. Les autorités irakiennes ont gardé le plus grand secret sur la date de la pendaison annoncée seulement après l'exécution des deux proches de Saddam Hussein. Les deux hommes devaient être pendus en même temps que Saddam Hussein dans une caserne des renseignements militaires de Kadhimiyah, quartier nord et majoritairement chiite de Baghdad. Mais leur exécution avait été ajournée au dernier moment, pour une raison indéterminée et avait été ensuite reportée après la diffusion de la vidéo pirate de la pendaison de Saddam Hussein et la vague de protestation qu'elle a induite dans le monde. Barzan Ibrahim Al-Hassan Al-Tikriti, 56 ans, avait été capturé le 16 avril 2003 à Baghdad. Awad Ahmed Al-Bandar, 60 ans, avait dirigé le tribunal révolutionnaire irakien qui avait condamné à mort les 148 villageois de Doujaïl. Contrairement au déroulement de la pendaison de Saddam Hussein, aucune image officielle de l'exécution des deux hommes n'a été, hier, diffusée par les médias irakiens, ni lors de la conférence de presse du représentant du gouvernement Ali Al Dabbagh. Quelques heures après la mort de Saddam Hussein, la télévision publique Iraqia avait diffusé une brève séquence, tournée par une équipe autorisée, montrant les derniers instants du condamné, sur la potence et la corde au cou, mais sans montrer la pendaison elle-même, rappelle-t-on. Les «corps ont été remis à la police. On nous a demandé de venir les chercher pour les enterrer», a déclaré sous couvert de l'anonymat un membre de la famille. La même source a aussi ajouté qu'«avant de mourir, Awad Al-Bandar a demandé à être enterré près du président Saddam Hussein».