L'exécution de Saddam Hussein, le 30 décembre 2006, continue de susciter l'indignation. La pendaison du président déchu « est une parodie » judiciaire, a estimé Abdelhamid Mehri, ex-secrétaire général du FLN. Invité, hier, en compagnie de Amar Bentoumi, un des avocats de Saddam Hussein, au Forum d'El Moudjahid, Abdelhamid Mehri a déclaré que la mise à mort de l'ex-président irakien « est, en premier lieu, une décision américaine, car il constitue un symbole de la résistance du peuple irakien ». Selon lui, « l'exécution de Saddam est un indice que la politique américaine ne se limitera pas uniquement à l'Irak ». « Nous sommes contraints d'adopter la politique de la résistance sur tous les plans », a-t-il ajouté, précisant que le silence des gouvernements arabes, qui n'ont pas condamné l'application de la peine de mort contre Saddam, est une autre tragédie. Ce faisant, l'orateur a invité les responsables algériens à s'afficher aux côtés de la résistance irakienne. « Je crois que l'Algérie qui a joué un rôle prépondérant dans la résolution du conflit Irak-Iran, en perdant même son ministre des Affaires étrangères de l'époque, Mohamed Seddik Ben Yahia, doit utiliser sa diplomatie pour tranquilliser les esprits dans les deux pays pour que l'esprit de vengeance cesse », a-t-il enchaîné, conviant les deux peuples à penser à l'avenir de leurs pays respectifs. Abdelhamid Mehri a lancé un appel à l'adresse de l'Iran, l'exhortant « à ne pas tomber dans le piège de manipulation américain, pour ne pas subir le même sort que celui réservé à Saddam ». M. Mehri a évoqué, à ce titre, une déclaration de feu Houari Boumediène qui déclarait au temps de la guerre entre l'Iran et l'Irak : « Ce sont des assauts expérimentaux pour le futur. » Pour sa part, Amar Bentoumi a abondé dans le même sens. « L'exécution de Saddam Hussein est l'œuvre des Américains », a-t-il lancé d'emblée. La préparation de la fin de Saddam avait commencé, a-t-il indiqué, bien avant le prononciation de la peine retenue contre lui. Paul Bremer, dès son installation en tant qu'administrateur américain en Irak, a procédé au gel de la loi portant abolition de la peine de mort dans le pays. Amar Bentoumi a révélé également que Bremer a mis en place un tribunal criminel spécial pour le jugement de Saddam et ses compagnons, « alors que cette nouvelle institution est en contradiction avec le droit interne irakien », a-t-il affirmé. C'est après cette décision que les Américains ont jugé que Saddam est un prisonnier de guerre, selon l'orateur. Selon Me Bentoumi, la première décision qui a été prise après l'installation de ce tribunal était l'interdiction aux avocats non irakiens de se constituer en partie dans les affaires impliquant les coaccusés de Saddam. De même que les juges ne peuvent pas communiquer avec les prévenus sans l'autorisation des Américains, a-t-il révélé. Comme pour signifier que les Américains voulaient en finir avec Saddam, Me Bentoumi s'interroge alors sur les raisons pour lesquelles l'ex-président irakien n'a été jugé que pour le massacre de 148 chiites. Pour Me Bentoumi, cette affaire est moins importante que les six autres pour lesquelles était poursuivi Saddam Hussein. Me Bentoumi estime que Saddam Hussein a été exécuté pour deux raisons : l'ex-président irakien était entouré de haine et la volonté d'humilier les musulmans. L'orateur est aussi catégorique en ce qui concerne le choix de son exécution. « La date de l'exécution de Saddam vient de Washington », a-t-il estimé. « On n'a jamais connu de condamnation à mort le jour de Noël ou de Pâques », s'est-il encore interrogé. En définitive, « la responsabilité américaine dans l'exécution de Saddam est entière », a-t-il soutenu, estimant que « Saddam a été grandi par sa pendaison ». Abdelhamid Mehri a, par ailleurs, critiqué certains organes de presse qui ont, selon lui, fait état d'actions de chiites à l'ouest du pays.