Comment peut-on dire et restituer si justement, et au moindre détail, les grandes misères, l'enclavement et la réalité malheureuse de ces contrées, qui consacrent l'Algérie de la précarité profonde, l'Algérie de tous les retards, des défaillances et des manquements graves ? La détresse est si visible, les images sont si pénibles que lors de sa visite d'inspection, le wali a dû prendre d'importantes décisions. En effet, la sortie de travail de mardi dernier du wali de Constantine a revêtu un caractère spécial, du fait qu'elle ciblait la daïra la plus enclavée de la wilaya. Ain Abid, connue pour avoir été classée parmi les daïras les plus pauvres du pays, se voit aujourd'hui l'objet d'une attention particulière. Ainsi, le cortège officiel, en s'ébranlant tôt le matin, a procédé à plusieurs haltes, pour permettre l'inspection de nombreux projets en cours de réalisation. Celle-ci a été minutieuse pour une vingtaine de projets, (sur un total de 54 inscrits) lancés depuis peu. L'état d'avancement des travaux indique quelques satisfactions quant au respect des délais de réalisation, mais également de l'aspect qualitatif des ouvrages. Un léger mieux pour cette contrée reste tributaire de la réception de ces projets décisifs, - et de bien d'autres encore-, ce qui ne commencera à se faire qu'aux environs du deuxième trimestre 2007. Cependant, le suivi des différents programmes inscrits et mis en exécution révèle la volonté manifeste du wali de Constantine de sortir la région de son état moyenâgeux, les pieds dans la boue. Il indiquera à ce titre que : « la stratégie de développement de la wilaya reste pendante du devenir de ces points noirs qu'il faudrait désenclaver en priorité ». La tournée a permis au chef de l'exécutif, non seulement de gadouiller un bon coup, mais encore de prendre des décisions très importantes, dont notamment, celles concernant le chapitre crucial du logement rural. Ainsi, et du fait que les quotas alloués à cette daïra semblent très peu suffire pour couvrir les besoins réels de la population (1 366 unités, dont 334 réalisées), le wali décide sur place de doubler le quota de chaque commune, une fois son programme entièrement réalisé. L'on se demande pourquoi attendre l'achèvement du programme et ne pas doubler le quota. Tirer sur tout ce qui ne tourne pas rond… Outre cela, pour ce qui est des travaux d'étanchéité de la totalité des logements ruraux de la wilaya, c'est la wilaya qui les prendra en charge sur son budget. Autre décision importante : le prolongement au delà des deux années de l'échéance d'acquittement et de payement des droits à l'acquisition d'un logement rural, décision prise au vu de l'impossibilité - trop visible d'ailleurs - pour les habitants, en majorité au chômage et dans une sérieuse détresse, de disposer des 140 000 DA exigés. « Vivement au-delà de 10 années ! » rétorquaient des citoyens zaoualia. Au registre du désenclavement, il y a eu du nouveau. D'abord, un budget supplémentaire de l'ordre de 500 millions de centimes a été attribué pour l'achèvement d'une route à Bordj Zelagha, une localité dans la commune de Ibn Badis, (deuxième commune de la daïra d'Aïn Abid). Puis a été annoncée l'inscription au budget de la wilaya du projet d'une route à double voie qui reliera Aïn Abid à Constantine. Ce sont là autant de projets à même de conforter et d'assurer un timide renouveau rural, qu'il s'agira de rendre durable et certain. Pour ponctuer cette sortie, une rencontre avec la société civile, rassemblée au centre culturel Ben Badis, a permis encore une fois le constat de la malvie et de l'isolement de cette région. Les citoyens ont à chaque intervention insisté sur le manque d'infrastructures, les routes, le transport, l'eau, l'électricité, le gaz, le logement, mais encore, la prise en charge sanitaire des populations, des démunis, des handicapés… Comme quoi, il faudrait peut- être sérieusement penser à décréter un plan d'urgence, un Marshall sinon, pour rendre justice à Aïn Abid et tirer, une fois pour toutes et à bout portant, sur tout ce qui ne tourne pas rond.