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Virée au pays des Ath Yaâla
sétif
Publié dans Liberté le 27 - 03 - 2008

Perchés sur les hauteurs des Bibans, les villages des Ath Yaâla, qui furent un bastion de la résistance durant la guerre de Libération nationale, ont connu un exode rural massif.
À l'entrée du village Tizi Medjber, l'un des plus importants hameaux de la région des Ath Yaâla, en basse Kabylie, connue sous le nom de Guenzet. Située à la lisière de la wilaya de Bordj Bou-Arréridj, la daïra de Guenzet est située à 80 kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Sétif.
Ici, la majorité des villages gardent toujours leur charme d'antan. L'architecture typiquement berbère des maisons offre un aspect attrayant. Perchés sur les hauteurs des Bibans, ces villages, qui furent un bastion de la résistance durant la guerre de Libération nationale, ont connu un exode rural massif. L'enclavement, la misère sociale et le chômage endémique ont poussé bon nombre des habitants de cette région à déserter les lieux pour vivre sous des cieux plus cléments.
Alger reste la destination préférée des Ath Yaâla. À titre d'exemple, le nombre de familles vivant à longueur d'année à Tizi Medjber se comptent sur les doigts d'une main, alors que le nombre de foyers recensés par le comité de village dépasse les
200. Néanmoins, ce que l'on a remarqué chez les Ath Yaâla est vraiment extraordinaire.
Ils se distinguent d'une qualité qu'ils ont jusqu'au bout des doigts.
Il s'agit de l'attachement qu'ils ont pour leur terre natale. En effet, bien qu'ils soient “exilés”, ils demeurent attachés à leur patelin. “Ici, c'est tout le monde qui s'acquitte de ses cotisations annuelles. Chacun participe à sa manière aux travaux de volontariat que nous organisons régulièrement (bétonnage des venelles du village, nettoiement du cimetière et des routes, désherbage et le défrichement des terrains, campagne de reboisement…)”, affirme M. Boubakeur Akroud, président de l'association socioculturelle du village Tizi Medjber. Selon notre interlocuteur, le programme d'action arrêté par son organisation vise surtout à rassembler l'ensemble des enfants du village afin de se solidariser, se prendre en charge et agir dans l'intérêt général. Animés d'une volonté de fer, les membres de ce comité de village ont relevé le défi et semblent réussir le challenge. Pour preuve, ils ont pu regrouper, au moins deux fois par année, des dizaines de familles habitant extra-muros. Comment ont-ils réussi une telle prouesse ? C'est très simple. Recourir à certaines traditions ancestrales qui en appellent à l'union et la solidarité. Ainsi, ils ont décidé de ressusciter lawziâa — elle s'appelle aussi timechrat dans certaines régions de Kabylie — qu'ils organisent chaque année, à l'occasion de la fête du Mawlid Ennabaoui. Cette tradition consiste à sacrifier un ou plusieurs animaux (généralement des bovins) pour en faire une fête au village. Jadis, l'objectif principal de ce sacrifice est de permettre à tout un chacun, notamment aux familles les plus démunies, de manger de la viande au même titre que les autres gens. C'était une manière de rendre effective la solidarité existante entre les membres d'une communauté. L'expérience de Tizi Medjber a démontré que ce genre d'initiatives ne peut que faire régner l'union et la fraternité. “C'est grâce à cette action prise par l'association du village que j'ai pu retrouver mes racines profondes. Cela me fait un grand plaisir d'avoir découvert mes origines et la terre de mes ancêtres”, dira un jeune Algérois venu pour la première fois dans la région.
Précarité et absence de commodités
Rencontré à la placette du village (tajemaât), ammi Saïd, un sexagénaire résidant lui aussi à la capitale, nous invite à faire une virée dans les quatre coins du village pour avoir une idée sur le passé révolutionnaire de ce dernier et constater de visu les conditions dans lesquelles vivaient les gens des Ath Yaâla. La précarité, le manque de commodités, des murs lézardés, des toits de tuiles tombés en ruine… Voilà la triste réalité que cache mal le décor de ces maisons abandonnées. À côté, il y a des habitations plus décentes, voire modernes. “Ces bâtisses ont été restaurées et réaménagées par leurs propriétaires qui ont l'habitude d'y revenir passer les vacances en été”, nous expliquera ammi Saïd. Pour lui, “revenir au bercail, c'est le meilleur moyen de se ressourcer et de décompresser”.
Et d'ajouter : “Personnellement, j'y viens plusieurs fois par an et je compte, d'ailleurs, m'y installer définitivement à ma retraite.” Par ailleurs, notre interlocuteur ne manquera pas de fustiger les pouvoirs publics qui continuent, selon lui, à tourner le dos à cette région qui a beaucoup donné aussi bien à la Révolution qu'à l'Algérie indépendante. “L'Histoire témoigne du patriotisme des Ath Yaâla, une région qui a payé un lourd tribut à la guerre de Libération nationale. Elle ne compte pas moins de 624 martyrs qui sont tombés au champ d'honneur. Parmi eux, Debbih Cherif et Malika Gaïd, pour ne citer que ces héros”, dira-t-il. “Aucun projet d'envergure n'a vu le jour à Guenzet, encore moins un investissement quelconque. Ici, les gens sont résignés à gagner leur vie des travaux champêtres, tels que le pâturage, l'arboriculture, le bûcheronnage… Il est vraiment inconcevable, voire choquant, de constater aujourd'hui que des familles algériennes tirent encore leurs revenus de ces arbres séculaires (frêne, chêne, pin, ormeaux, etc.), seule richesse dont dispose notre région”, ajoute le notable du village Tizi Medjber. Après une tournée pédestre, nous revoilà au centre du village. Nous sommes sur l'esplanade de la mosquée, où une dizaine de personnes portant des blouses s'attellent à découper en morceaux les carcasses de deux bœufs. La viande découpée sera ensuite répartie équitablement sur 116 rations correspondant au nombre de familles ayant contribué à cette immolation. Le prix de chaque ration est fixé à 1350 DA. Tout le monde s'accorde à dire que le coût de revient est abordable, d'autant que la quantité de viande contenue dans une ration est plus importante. L'ambiance de fête qui règne au village montera d'un cran. C'est le moment de procéder à la vente aux enchères des deux têtes bovines et leurs pieds (bouzelouf).
La première, plus grande, sera adjugée à 2800 DA, alors que la seconde sera cédée à 1300 DA.
Enfin, avant de se quitter pour rejoindre leurs domiciles respectifs à Alger, les membres de cette communauté se sont donné rendez-vous pour les vacances de l'été prochain.
Kamel Ouhnia


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