La cité de recasement au centre de la ville d'Aokas ne peut pas être éradiquée ni réhabilitée malgré sa vétuste. La raison est qu'elle demeure au centre d'une discorde entre ses résidants et la collectivité locale qui dure depuis presque deux décennies. La construction de cette cité remonte, selon ses habitants, à l'époque coloniale, plus exactement durant la guerre de libération nationale, pour abriter les collaborateurs de l'armée coloniale (harkis). Après l'indépendance, elle a été évacuée pour être immédiatement mise à la disposition de ses occupants actuels qui sont environ 110 personnes. Ces derniers sont depuis presque deux décennies en total désaccord avec les différents élus qui se sont succédé à la tête de l'APC et ne trouvent pas à leur goût les solutions proposées pour leur problème de logement. Selon eux, après les maintes sollicitations adressées aux autorités concernées pour l'octroi d'un abri décent « rien n'a été fait ». Durant les inondations de 1988 qui ont touché cette cité, les résidants disent avoir été évacués provisoirement vers la cité des 80 Logements qui était en cours d'achèvement avant que, deux mois après, l'APC ne leur demande d'évacuer les appartements pour pouvoir continuer les travaux de construction. « Nous avons plié bagage sous l'ordre des autorités locales en contrepartie de la promesse d'être hébergés dans ces mêmes appartements dès leur réception. A notre surprise, aucun parmi nous n'a été pris en considération durant la distribution qui a eu lieu deux ans après », nous dit le porte-parole des habitants protestataires. Depuis, ils se considèrent lésés et disent n'avoir pas cessé de revendiquer des actes de possession pour qu'ils puissent, à défaut d'un relogement, reconstruire leurs propres appartements. « Comment peut-on vivre tels des rats après tant d'années d'indépendance, avec 14 individus dans des appartements à deux chambres et qui ne répondent pas aux normes requises. A chaque pluie, les infiltrations d'eau, du fait de la vétusté des constructions, nous contraignent à abandonner nos maisons. En plus des eaux usées qui se déversent à ciel ouvert du fait aussi du non-raccordement de la cité au réseau d'assainissement », se plaignent des résidants qui sont dans l'obligation de creuser des fosses septiques à proximité des habitations. « Pour en finir avec ces désagréments auxquels on fait face au quotidien, l'APC doit, au moins, nous délivrer des actes de possession, le reste on s'en charge », ajoute notre interlocuteur. Du côté de l'APC, on souligne une autre version. Selon le P/APC, ce qui devait être fait au profit de ces sinistrés « a été accompli dans les strictes normes », à savoir, explique-t-il, la répartition du terrain sur lequel est bâtie cette cité en 11 lots et la convocation des 9 familles concernées, en 2003 et en 2004, pour leur demander d'évacuer ces vieilles constructions que l'ont devait démolir et procéder à la viabilisation du terrain. L'APC se plaint, de son côté, d'avoir reçu « un refus catégorique de la part de ces familles qui exigeaient à chaque fois l'acte de possession, pour avoir une garantie de regagner leur place une fois les travaux achevés ».