Les formations politiques semblent avoir décidé de faire de la presse leur souffre-douleur favori. C'est maintenant un fait établi. Sinon comment expliquer qu'à chaque fois que quelque chose ne va pas dans un parti, ses responsables ont pour premier réflexe de s'en prendre aux médias, particulièrement à la presse écrite. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, habituellement très cordial avec les journalistes, n'a pas dérogé à cette « habitude » lors de la réception donnée, hier, par son parti à l'occasion de l'Aïd El Adha. M. Belkhadem ne s'est ainsi pas gêné, au cours de l'allocution prononcée pour la circonstance, de s'en prendre à la presse. Sur un ton empreint quelque peu d'humour, il a reproché particulièrement à certains journaux d'avoir usé d'artifices rédactionnels pour tenter de « minimiser » la victoire du « front » aux récentes sénatoriales et de singulariser les scores réalisés par les partis concurrents du FLN. Le coordinateur du FLN a fortement regretté également que les autres acteurs de ces élections sénatoriales n'aient pas reconnu leur défaite. « Nous avons remporté 28 sièges sur 48. Il est possible que nous en aurons un autre à Constantine. A l'heure actuelle, nous sommes le parti majoritaire au Conseil de la nation. Que faut-il prouver de plus pour que l'on reconnaisse que le FLN est le plus fort ! Ce n'est pas un raz-de-marée du FLN qui s'est produit durant ces élections, mais plutôt un tsunami FLN », a-t-il lancé en présence de nombreux invités de marque et d'anciens ténors du FLN, tel Abdelhamid Mehri. Les journalistes, apparus au début quelque peu courroucés par les critiques qui leur ont été faites, décideront après coup de « passer l'éponge », surtout après que M. Belkhadem eut évoqué, avec des mots durs, le cas des responsables locaux de son parti qui se sont distingués par leur indiscipline lors des dernières joutes électorales. Des responsables qui, selon lui, « ont privé ‘‘El Djebha'' (le Front) d'une victoire plus large ». Celle-ci (la victoire), a-t-il informé, a souffert aussi du fait que « les alliances tissées avant les élections n'ont pas toutes fonctionnées ». A l'adresse de ces personnes qui ont décidé de « vendre leurs voix » à d'autres partis (Boumerdès et Mascara) ou de « rouler » pour leur propre compte, comme ce fut le cas dans les wilayas d'Illizi, de Saïda et de Ghardaïa, le coordinateur du FLN a promis de soumettre leur cas dans la commission de discipline du parti. Dans la foulée et dans la perspective, surtout des prochaines échéances électorales, Abdelaziz Belkhadem a annoncé qu'il procédera à une purge pour assainir les rangs du FLN. « Nous ne tolérerons plus ce genre de comportement. Il est inadmissible que des personnes continuent à faire leur beurre aux dépens du parti. Les militants doivent admettre une fois pour toutes que l'intérêt du FLN prime sur leur propre intérêt », a indiqué le responsable du FLN, qui a promis, en outre, d'instaurer une éthique et de mener sa formation vers des victoires encore plus éclatantes. Comme pour assurer une plus grande portée à son discours, Abdelaziz Belkhadem a lancé à l'assistance que « le FLN n'a pas pour habitude de lancer des paroles en l'air et de ne pas tenir ses promesses ». A ce propos, le chef du gouvernement a tenu à rappeler les engagements pris par sa formation pour faire aboutir le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. Il a soutenu par ailleurs avec force que le référendum sur la révision de la Constitution aura lieu durant cette année 2007, tel qu'il avait eu à l'annoncer. « Je vous rappelle qu'il y a eu un report et non pas une annulation de la date du référendum. Je peux assurer que la consultation sera tenue au cours de cette année », a-t-il dit. Dans une conférence de presse, animée en marge de la réception donnée par sa formation, M. Belkhadem a cependant pris soin de dire qu'il n'a encore aucune idée sur le contenu du projet que le président de la République compte soumettre à référendum. « Tout ce que je peux vous dire est que le FLN veut l'instauration d'un régime présidentiel », a-t-il précisé. Le coordinateur du FLN — qui a donné tout au long de ses deux interventions l'impression de s'être déplacé au siège de son parti avec l'objectif de lancer des messages précis comme celui, par exemple, consistant à faire comprendre, à qui veut bien l'entendre, que le projet de révision n'est pas mort ainsi que le laissent entendre certains — a signifié qu'il ne voit pas d'inconvénients à ce que Abdelkader Bensalah soit reconduit à la tête du Conseil de la nation. Et d'ajouter que le plus important pour le FLN est d'être aujourd'hui le parti majoritaire dans toutes les institutions. A préciser que le patron du « vieux front » a profité de l'occasion de sa rencontre avec la presse pour blâmer une nouvelle fois l'attitude « lâche » des dirigeants arabes qui se sont tus après l'exécution barbare de l'ancien président irakien, Saddam Hussein.