26 000 t de tomates concentrées ont été importées rien que pour le premier semestre 2004 contre 12 000 t en 2003, d'après les statistiques du CNIS sur le commerce extérieur. Un chiffre qui démontre, on ne peut plus clair, l'augmentation vertigineuse du volume des importations de ce produit très consommé en Algérie. Menaçant directement le gagne-pain de plusieurs opérateurs algériens versés dans la production et la transformation de la tomate industrielle, ces importations ne sont pas pourtant décriées en tant qu'activité commerciale légale, mais plutôt pour leur aspect frauduleux. Pour les producteurs locaux membres de l'Association des conserveurs de la tomate industrielle (ACTOM), réunis hier au siège du ministère de la Petite et Moyenne Entreprise (PME/PMI), face au ministre du secteur, Mustapha Benbada, et le directeur général des Douanes, Sid Ali Lebib, une grande quantité de la tomate concentrée importée est introduite sur le marché national d'une façon frauduleuse. La fraude, soulignent-ils, est pratiquée à la fois sur la quantité et la qualité du produit. La surfacturation est aussi l'une des pratiques les plus courantes dans ce genre d'importation. L'un des conserveurs algériens a cité l'exemple d'un exportateur de tomates concentrées vers l'Algérie basé à Dubai. Près de 10 à 15 000 t de tomates concentrées sont importées frauduleusement de la Tunisie, révèle un autre opérateur de l'Actom. Les importateurs, ajoute-t-il, « font passer leurs marchandises à travers les wilayas de Tébessa et El Oued parce qu'elles ne sont pas bien surveillées ». Reconnaissant toutefois l'existence des pratiques frauduleuses, Sid Ali Lebib met le problème sur le dos du manque d'effectif. « Le tracé de l'Est ne compte que 300 douaniers. » La complicité de certains agents de l'administration a été aussi un des facteurs que le premier responsable des Douanes a cités et qui est à l'origine de l'ampleur prise par la fraude. Pour bien situer l'importance de la filière tomate industrielle, le ministre de la PME/PMI dira que la filière représente 14% des dépenses privées formelles des ménages et 28% des importations. La filière, révèle-t-il, est caractérisée par un déficit organisationnel, un financement très insuffisant, voire absent, une difficulté de fixer le prix de la tomate entre agriculteurs et conserveurs et des taxes élevées sur l'importation des intrants.