Décharné, taille longiligne, tête rentrée dans les épaules par tant d'humilité, Youcef Ouragui, 70 ans, n'est jamais fatigué lorsqu'il lui est offert l'occasion d'exhiber sa collection de photos et cartes postales de l'ancienne Blida. « J'ai cherché partout et acheté sur mes propres fonds le témoignage du passé de la ville des Roses. » Inspecteur d'hygiène à la retraite, M. Ouragui déclare posséder plus de 200 photos d'avant la guerre de libération. « J'ai même la photo du père à Ricci, Antoine et non Gaston », tiendra-t-il à préciser. Les noms des rues, les impasses de Douirette, la petite Casbah de Blida, les remparts de la ville avec ses sept ouvertures, faisant office de portes, sont connus par le retraité ammi Youcef qui passe ses longues heures d'inactivité à agencer, ordonner, sérier les innombrables photos auxquelles il choisit des légendes en fonction de l'humeur du moment. Il retrouvera même l'arbre –un pin – dont les branches avaient servi de potence pour l'exécution des malfaiteurs du temps du dey. A l'exposition tenue à la salle Al Manar de la place du 1er Novembre, qui se tiendra jusqu'à la mi-janvier, M. Ouragui se montrait très content de pouvoir déclarer qu'il avait été reçu au siège de la wilaya dans la perspective de l'édition d'un livre « qui pourra être offert aux autorités et personnalités venant à Blida ». Des livrets thématiques remplissent toute une longue table à l'intérieur de la salle et le Livre d'or permettait de lire « les traces révélatrices de la nostalgie de l'auteur qui s'est donné la peine d'encadrer nombre de photos, d'en agrandir d'autres et de mettre en évidence, en face de l'entrée, la photo de la place du 1er Novembre sans le fameux kiosque.