Rafik Abdelmoumen Khalifa, principal accusé dans l'affaire portant son nom, aurait construit son « empire » à partir de la vente frauduleuse d'une villa héritée de son père, avec l'usage de faux documents et la complicité d'un huissier de justice, selon l'arrêt de renvoi lu au premier jour du procès Khalifa Bank. La villa, située à Hydra (Alger), a été vendue par Rafik Khalifa sans que son frère, Lakhdar, et sa sœur, Hafidha, ne soient au courant et dont la signature sur l'acte de vente a été falsifiée, selon la même source. Avec l'argent obtenu de cette vente, Rafik Khalifa aurait bénéficié d'un crédit auprès de la Banque de développement local (BDL) d'un montant total de 950 millions de dinars. Avec une partie de ce fonds, il aurait ensuite constitué le capital d'El Khalifa Bank, d'un montant de 500 millions de dinars. Mais même ce capital initial n'a pas été payé entièrement au Trésor public, qui n'a reçu que 85 millions de dinars, en violation flagrante avec les dispositions de la loi sur le crédit et la monnaie, ajoute le document. Une fois la banque constituée, Rafik Khalifa aurait engagé d'anciens banquiers et des intermédiaires chargés d'approcher des responsables de sociétés et d'organismes publics et privés afin qu'ils déposent leurs fonds à El Khalifa Bank. De nombreux dirigeants d'entreprises nationales et de caisses sociales figurent parmi les 104 accusés dans l'affaire Khalifa. Ils sont accusés d'avoir touché des commissions en contrepartie de la domiciliation de l'argent de leurs entreprises à la banque Khalifa. L'arrêt de renvoi mentionne également le nom de Abdelouahab Keramane, qui était alors gouverneur de la Banque d'Algérie, comme l'un des principaux accusés. Ni lui ni son frère et la fille de celui-ci, tous trois inculpés, mais pour des motifs différents, ne se sont pas présentés au tribunal de Blida où est jugée l'affaire. Il est reproché à Abdelouahab de n'avoir pas réagi après avoir pris connaissance, dès 1999, de dysfonctionnements au sein d'El Khalifa Bank suite à des inspections diligentées par les services de la Banque d'Algérie. Quatre inspections menées en 1999 et 2000 à El Khalifa Bank ont démontré des malversations, des violations des règles prudentielles dans l'octroi de crédits et des transferts de fonds illégaux sans écritures comptables, a affirmé le juge d'instruction qui a élaboré l'arrêt de renvoi. Le frère de l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abdennour (ancien ministre), aurait été l'un des intermédiaires embauchés par Khalifa et sa fille, Yasmine, a reçu 1,5 million d'anciens francs français (250 000 euros) sans contrepartie. La présidente de l'audience, la juge Fatiha Brahimi, a donné aux trois absents un délai jusqu'à l'ouverture de la séance d'aujourd'hui pour se présenter au tribunal. Une grande partie des prévenus étaient des employés du groupe Khalifa accusés d'avoir gardé des privilèges matériels découlant de leur poste : véhicule, ordinateurs, etc. après sa mise en liquidation. Avant la lecture de l'arrêt de renvoi de 169 pages, qui a pris près de trois heures, la présidente avait procédé à la constitution de la cour pénale, avec le rajout de deux jurés, tirés au sort, aux trois juges, dont Mme Brahimi et une autre femme, désignés.