Lorsque nous l'avons vu au box-office américain, la première réaction a été de nous dire : encore ! Que veut Stallone ? Pourquoi raviver une fois de plus cette franchise qui semblait n'avoir absolument rien de nouveau à dire ? Beaucoup avaient déjà été déçus des trois derniers volets… et nous nous attendions à l'être aussi. Cependant, la tentation a été trop forte, puisque que nous pouvions nous procurer le film, pourquoi ne pas y jeter un coup d'œil, histoire d'en avoir le cœur net… Eh bien, surprise ! Rocky Balboa nous a bien piégés. Tous ceux qui ont été bercés par les années Rocky (qui ont installé un sac de frappe chez-eux, qui ont acheté des gants de boxe et qui ont ingurgité des œufs crus pour être plus fort…) auront certainement le même plaisir à voir ce qu'est l'ultime volet de cette série. Rocky Balboa boucle la boucle. Il revient un peu à la source de l'épisode original qui date de 1976 et qui avait récolté trois oscars, dont celui du meilleur film. Des lieux, des personnages, des phrases et même la musique rappellent des moments tirés directement du premier Rocky. L'ultime épisode s'ouvre, d'ailleurs, sur l'air de Take You Back. Du coup, il y a cette incroyable impression de saut dans le temps, de souvenirs ineffables… Sylvester Stallone, qui est donc interprète et qui s'est attribué la réalisation, l'écriture du scénario et la production de Rocky Balboa (il avait écrit tous les épisodes de la série et réalisé les films 2 et 4), offre ici une bonne performance. A 60 ans, Rocky, qui n'a plus boxé depuis de nombreuses années, reste très présent dans le cœur des habitants de Philadelphie. Dans son restaurant, où il passe toutes ses soirées, il raconte des anecdotes de sa carrière de boxeur. Son mal-être résulte autant des épreuves de la vie (sa femme Adrian a succombé à un cancer, ses rapports avec son fils ne sont pas toujours au beau fixe), que du vide qu'a laissé la boxe dans sa vie devenue routinière. Et c'est un combat virtuel qui le couronne meilleur boxeur poids lourd de l'histoire, aux dépens du champion actuel, le très talentueux Mason Dixon qui le convainc de remonter sur le ring. Pour son ultime combat. Un combat où il va devoir tout donner. Avec un peu d'autodérision, il use de son personnage comme d'un guide, peut-être pour les générations futures… « L'important, ce n'est pas le nombre de coups que tu peux donner, c'est le nombre que tu peux encaisser et continuer à avancer », dira-t-il à son fils et à ceux qui verront le film. Son vieil ami et entraîneur Duke, l'encouragera, durant le combat, en lui demandant de laisser sortir la bête qui est en lui… une parabole : arrêter de vivre dans le passé, se délivrer de son personnage… un message pour Stallone en particulier et pour tous ceux qui traînent de vieux démons en général. Nous ne dirons pas si Rocky gagne ou non son ultime combat, ceux qui veulent le savoir n'ont qu'à voir le film. Et d'ailleurs, le score final n'a pas tant d'importance que cela, ce qui compte au-dessus de tout, c'est la sagesse du personnage et la sympathie qu'il suscite. Ce qui est très plaisant dans Rocky Balboa se situe dans la sobriété. Stallone aurait pu mettre le paquet, s'étaler et se donner en spectacle pour le dernier combat de Rocky, mais il a choisi d'être crédible et de ne pas en faire des tonnes. C'est pour cette raison et parce qu'il a nous a donné beaucoup d'émotions, que nous avons aimé Rocky Balboa…