Les inspecteurs américains font chou blanc sur les armes irakiennes, alors que les attaques de la résistance se font plus précises. Le bourbier irakien se précise un peu plus chaque jour alors que les attaques, de l'aveu même des officiers US, se font plus sophistiquées, plus meurtrières. Ainsi, l'officier le plus gradé de l'armée américaine en Irak, le général Ricardo Sanchez, a reconnu que chaque semaine, «trois à six soldats» trouvent la mort, et qu'une quarantaine d'autres sont blessés. Il indiquera, avouant ainsi que les choses ne sont pas aussi simples qu'ils avaient pu le croire, que «L'ennemi a évolué, il est un peu plus meurtrier, un peu plus complexe, un peu plus sophistiqué et parfois un peu plus tenace». Un euphémisme en fait face aux pertes que subissent quotidiennement les troupes américaines. En fait, nombre de soldats américains n'aspirent qu'à une chose : rentrer, comme ils l'avouent aux médias dans leur pays. Hier encore, et jeudi, des soldats américains, patrouillant à Fallodjah et à Baaqouba, ont subi des attaques sans que soit, - officiellement - dénombré de victimes. Selon un rapport du commandement militaire américain (Centcom), le bilan s'établissait au début de la semaine dernière à 97 morts américains et à plusieurs dizaines de blessés, depuis l'annonce, le 1er Mai de la fin officielle de la première phase de l'opération «Liberté pour l'Irak». Un bilan plutôt lourd pour les stratèges américains qui s'attendaient à ce que les marines soient accueillis à bras ouverts par les Irakiens. Aussi, les Américains déchantent un peu plus, et le terme «bourbier irakien» revient de plus en plus dans les analyses et commentaires, alors que les hommes politiques américains n'hésitent plus à le mettre en exergue. Cela d'autant plus, qu'outre l'échec sécuritaire, Washington n'a pas réussi, jusqu'à présent, à démontrer à l'opinion américaine et à la communauté internationale que l'Irak détenait effectivement des armes de destruction massive (ADM), objets d'une recherche pointue de la part d'experts scientifiques américains et britanniques au nombre d'environ 1400. Ainsi, l'enquêteur américain, David Kay, chef du groupe d'inspection en Irak (ISG), indiquait jeudi, qu'«aucune découverte» n'a été faite lors de la présentation de son rapport devant le congrès. Selon cet enquêteur, le groupe «avait encore beaucoup de travail» estimant par ailleurs que le fait de n'avoir pas «trouvé d'armes jusqu'à présent ne veut pas dire que nous avons conclu qu'il n'y a pas de telles armes». Toutefois, d'une manière ou d'une autre, il devra bien arriver, comme l'a déjà fait l'expert onusien, Hans Blix, à la conclusion que les ADM irakiens n'existent pas. M.Kay affirme également que son groupe avait «trouvé de nombreux éléments prouvant la poursuite d'une activité en matière d'armes prohibées». Cependant, l'existence d'un programme de recherche, aussi étendu soit-il, comme il semblerait qu'il ait existé en Irak, ne signifie pas que ce pays soit passé à la production. Le fait même que les centaines d'experts, - onusiens, américains et britanniques , en armements nucléaire, biologique et chimique, - qui fouinent en Irak depuis novembre 2002 -, n'aient jusqu'ici rien trouvé, atteste en réalité de la bonne foi des Irakiens qui ont toujours affirmé n'avoir plus d'armes de destruction massives. Celles-ci sans doute détruites lors de la première mission de désarmement (Unscom de 1991 à 1998). De fait, le mystère des ADM irakiens est toujours d'actualité. Par ailleurs, Washington a présenté, jeudi, au Conseil de sécurité en séance de première lecture, une nouvelle mouture de son projet de résolution sur l'Irak. Projet qui a laissé sur leur faim les membres du Conseil qui estiment qu'il n'y avait rien de nouveau par rapport à l'ancien projet qui n'a pas fait l'unanimité. Le premier à réagir a été le président russe, Vladimir Poutine, qui a indiqué hier, que son pays «n'était pas satisfait pour le moment». C'est dire si les Etats-Unis ont encore à travailler s'ils espèrent convaincre la communauté internationale.