Le tribunal criminel de la cour de justice de Tiaret, qui clôture aujourd'hui sa troisième session de l'année 2006, devait juger hier le dernier élément armé arrêté en juin 2004 et incarcéré à la prison de Tiaret pour sa « participation à la constitution d'un groupe armé et participation à huit affaires de crimes collectifs ». Affaires liées aux assassinats des familles Bekkar et Saim à la cité Besseghier, sur les hauteurs de la ville, et celle ayant valu l'assassinat de huit personnes dans une maison close à la cité Sonatiba entre autres. Activement recherché, le principal accusé, Mezioud Mohamed alias Abderakib, un membre de Katibet Erahmane, qui était sous le coup de plusieurs condamnations à mort par contumace, a été arrêté le 6 juin 2003 par des éléments de la police judiciaire de Tiaret. Le prévenu, qui niait son implication dans les assassinats, dira à son entourage et même à son avocate, Me Braïk, que sa faute était de se rendre aux services de sécurité. Ce jour-là, Mezioud Mohamed, âgé alors de 28 ans, rôdait aux alentours du parc omnisports de la ville de Tiaret. Il était armé d'un pistolet et avait, toujours selon son avocate, l'intention de se rendre en venant « jusque derrière un policier pour lui chuchoter son nom et son désir de se rendre ». La version de la police tendait plutôt à faire accroire l'idée que cet « élément dangereux, recherché depuis 2004, concoctait autre chose ». Son arrestation qui prêtait à équivoque fut suivie par la pose de placards en ville des photos de neuf autres de ses complices, dont certains seraient morts. Hier, le détenu, qui montrait des signes évidents de nervosité, ne s'est pas empêché d'écraser quelques larmes, mais le magistrat qui présidait la séance a vite fait appel aux victimes de reporter, après deux interruptions, les deux des quatre affaires à la prochaine session criminelle. Seule une personne, fille d'une des victimes, avait répondu à l'appel. Les deux autres affaires avaient connu l'après-midi le même sort. Quatre autres affaires devraient théoriquement être jugées aujourd'hui, mais risquent d'être reportées pour les mêmes motifs. Absence de victimes, convoquées pourtant par la justice. Un douloureux épisode qui a valu pourtant à bon nombre d'éléments armés de bénéficier des effets de la loi sur la réconciliation. Sur ce point, le procureur général fait savoir que « sept autres affaires ont été classées et les autres enrôlées, car ne s'inscrivant pas dans l'esprit de la loi ». Autrement dit, Mezioud, seul et dernier détenu de la tragédie nationale, risque gros, si son implication est prouvée dans les assassinats collectifs qui avaient secoué Tiaret. Tiaret. De notre correspondant