L'ambassadeur russe, Vladimir Titorenko, est-il optimiste ? « Réaliste », répond-il souriant lors de la rencontre avec la presse, hier, au siège de l'ambassade à Alger. Rencontre pour évaluer le niveau des relations bilatérales algéro-russes, en 2006, et les perspectives pour la nouvelle année. « Aussi bien la direction politique russe que l'ambassade ici considèrent que l'année 2006 a été marquée par de grands succès. Je dirai même que c'est une importante étape historique dans les relations entre nos deux pays. Une nouvelle page est commencée », estime M. Titorenko dans un parfait arabe. Année marquée par la visite du président russe Vladimir Poutine, en mars 2006, la signature de l'accord de l'effacement de la dette en échange de contrats de vente de biens russes, notamment en matière d'armement. « L'importance des quantités d'armes concernées par ces contrats ne veut pas du tout dire que l'Algérie a des intentions militaires contre un autre Etat », explique l'ambassadeur, évoquant les commentaires hostiles du Maroc et d'une partie des pays d'Europe occidentale. « C'est juste que durant les années 1990, il y avait une situation difficile aussi bien en Russie qu'en Algérie, chose qui a ralenti la coopération bilatérale dans le domaine militaire, à part des livraisons de pièces détachées. Les dernières ventes d'armes à l'Algérie remontent à 1987-1988 », ajoute M. Titorenko, précisant que ces ventes accompagnaient le programme de modernisation lancé par le ministère de la Défense algérien. L'ambassadeur réagit également aux réserves européennes quant au rapprochement entre Sonatrach et le géant Gazprom dans le domaine du gaz. « Les accusations concernant la volonté algérienne et russe de créer un cartel du gaz sont fausses. Nous avons des intérêts communs. Il y a une réalité : les demandes européennes en gaz sont en hausse, en face, les capacités des fournisseurs norvégiens ou britanniques s'affaiblissent et le transport du gaz d'Iran et d'Asie centrale pose problème. Nous devons augmenter les capacités d'exportation », explique l'ambassadeur russe. Les deux sociétés comptent unifier leurs efforts pour investir des marchés et réaliser des projets dans des pays tiers en Afrique et en Asie. Il annonce la prochaine visite du ministre russe de l'Industrie et de l'Energie, Viktor Khristenko. Par ailleurs, les ministres des Ressources en eau et du Transport, MM. Sellal et Maghlaoui, devront se rendre à Moscou durant le premier semestre 2007. « Nous sommes passés, cette année, au niveau technique et pratique de la coopération après avoir réglé le cadre politique », commente M. Titorenko. L'ambassadeur a proposé à son gouvernement la réouverture du Centre culturel russe à Alger et déplore que les touristes russes ne soient pas attirés par l'Algérie en raison de la cherté du billet d'avion et du déficit en infrastructures touristiques. « Pour moi, le renouvellement des liens culturels sont importants », dit-il. Il appuie, par ailleurs, la position algérienne considérant l'ancien président irakien Saddam Hussein comme prisonnier de guerre. A ses yeux, l'exécution, la légitimité du procès, les insultes et la mise sur vidéo de sa pendaison sont « inacceptables ». Pour rappel, M. Titorenko a été ambassadeur en Irak jusqu'à l'invasion américano-britannique en 2003. Il a été blessé par des tirs américains alors que son cortège devait évacuer le personnel de l'ambassade vers la Syrie.