Des noms de hautes personnalités limitées pour l'heure à d'ex-ministres ou à des ministres en poste sont cités au cours des audiences du procès de El Khalifa Bank. Certains sont convoqués par la justice en qualité de témoins à l'instar du ministre des Finances, Mourad Medelci. On ne sait pas si la magistrate qui préside le procès jugera nécessaire de convoquer à la barre toutes les personnalités, et elles sont apparemment nombreuses quand on voit avec les aveux des premiers témoins et accusés comment fonctionnait l'ancien empire Khalifa. Le procès qui porte théoriquement sur le dossier de la caisse principale de la banque Khalifa sort de son cadre naturel au fil des audiences pour déborder sur d'autres dossiers retenus dans le cadre plus global de l'affaire dite Khalifa et qui englobe plusieurs volets dont certains ont été effleurés lors des premières audiences comme la question des mastercards et autres gratifications sous forme de gratuité de billets d'avion que l'ancien patron distribuait généreusement aux personnalités qui venaient frapper à la porte de son bureau. Il est vrai que le procès ne fait que commencer mais l'opinion craint déjà qu'au niveau de l'instruction du dossier ou dans la manière de conduire le procès tout est fait ou sera fait pour que ne soient épinglées que les personnes et personnalités qui n'ont pas de puissants soutiens dans les hautes sphères de l'Etat. Autrement dit celles dont l'éventuelle inculpation n'affectera pas les équilibres politiques à l'intérieur du système et préservera l'ordre en place. On a du mal à croire, en effet, que les deux ministres en poste cités au procès comme ayant profité des largesses de Moumen Khalifa, à savoir Bouguerra Soltani, ministre d'Etat et président du MSP en disgrâce depuis son pavé sur la dénonciation de la corruption institutionnelle dans le pays et le ministre de la Solidarité, Djamel Ould Abbas, soient des cas isolés dans le cas où, bien entendu, les accusations portées contre ces ministres de la République sont fondées. Il est en effet pour le moins étonnant que les accusés qui ont balancé les noms des ministres ou d'autres personnalités du monde du sport et de la culture, notamment l'ancien bras droit de Moumen Khalifa, Djamal Guellimi, et sa secrétaire personnelle, Nadjia Aiouaz, ne se souviennent bizarrement que de certains visiteurs qui défilaient dans le bureau de Khalifa et deviennent paradoxalement amnésiques pour se rappeler de toutes les autres personnes qui s'invitaient es-qualité chez l'ancien patron de Khalifa ! Ceux qui suivent de près le procès d'El Khalifa Bank restent frappés par la prudence avec laquelle les accusés qui figuraient parmi les plus proches collaborateurs de Moumen Khalifa s'exprimaient lors de ce procès et surtout leur crainte de commettre le faux pas en citant des noms qui ne devraient pas l'être, chose qui aggraverait fatalement leur cas. De l'avis de certains, il se dégage des réponses timorées des accusés comme un fort sentiment d'auto-censure. La quête de la vérité voudrait que la défense et le tribunal pèsent de tout leur poids pour amener les principaux accusés en charge du portefeuille des relations publiques et du portefeuille tout court de Moumen Khalifa à dire tout ce qu'ils savent sur tous ceux et celles qui ont mangé dans la main de Khalifa, quels que soient leurs fonctions et leurs rangs dans et en dehors des appareils de l'Etat.