Les événements semblent s'accélérer au Proche-Orient. Cela va tellement vite que le président iranien a été contraint, en tout cas, d'annuler l'escale technique que lui et sa délégation devaient effectuer hier à Alger, après la tournée accomplie en Amérique latine. Officiellement, les autorités iraniennes n'ont pas fait de parallèle entre la situation explosive qui prévaut actuellement dans la région (Proche-Orient) et l'annulation de la rencontre qui devait réunir Abdelaziz Bouteflika et Mahmoud Ahmadinejad. Des sources de l'ambassade d'Iran à Alger expliquent en effet la décision du président Mahmoud Ahmadinejad de rallier directement la capitale iranienne par la précarité de son état de santé. Une décision prise, dit-on, sur insistance de son médecin personnel. Ceci pour l'explication officielle. Toutefois, rien n'interdit de penser que M. Ahmadinejad n'a pas décidé de rentrer à Téhéran pour tenter d'« absorber » le large mécontentement suscité par la politique économique. Le Parlement iranien s'inquiète, en particulier, de la hausse de l'inflation et du chômage, d'un ralentissement de la croissance et de la dépendance par rapport aux pétrodollars. Outre le dossier économique, l'opinion iranienne n'a pas apprécié le moment choisi par le président Ahmadinejad pour effectuer une tournée en Amérique latine. Mahmoud Ahmadinejad a entamé son périple en Amérique latine dans un contexte où l'Iran est sous la menace d'une agression militaire US ou israélienne. Pour preuve, le nouveau secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a une nouvelle fois exprimé lundi une position sévère à l'égard de l'Iran, indiquant que le moment était mal choisi pour tendre la main à la République islamique. Evoquant une décision récente de déployer des missiles balistiques et un second porte-avions dans la région du Golfe, M. Gates a déclaré que ce déploiement serait une nouvelle affirmation de l'importance de cette région pour les Etats-Unis. Il a présenté aussi le renforcement de la présence militaire américaine dans le Golfe comme un signal adressé à l'Iran, un pays accusé de « grenouiller » en Irak et dont le programme nucléaire déplaît fortement à Washington. Un porte-parole militaire américain a, à ce propos, confirmé hier qu'un porte-avions est attendu au Moyen-Orient dans environ un mois, portant à deux le nombre de porte-avions de l'US Navy dans la région. Le navire comptera, précise-t-on, 5000 marins et embarquera quelque 80 avions, dont des chasseurs d'attaque F/A-18. Le président Bush a, rappelle-t-on, ordonné récemment l'envoi d'un deuxième porte-avions avec son groupe naval dans le Golfe et annoncé le déploiement de missiles antimissiles Patriot dans la région. A préciser que parallèlement à l'envoi par le Pentagone d'un second porte-avions au Proche-Orient, Moscou a annoncé hier la livraison à Téhéran de systèmes de missiles sol-air TOR-M1. L'Iran a signé, souligne-t-on, en décembre 2005, un contrat avec la Russie pour l'achat de 29 systèmes de missiles TOR-M1 évalué alors à 700 millions de dollars. Les TOR-M1 sont des missiles à courte portée pouvant frapper avions, hélicoptères et missiles de croisière.