La démission du chef d'état-major, Dan Haloutz, et l'ouverture d'une enquête policière contre le Premier ministre, Ehud Olmert, ont sérieusement ébranlé hier un gouvernement israélien déjà en chute libre dans les sondages. Le général Haloutz est le plus haut responsable à quitter ses fonctions suite à des ratés de la guerre au Liban. Mais il n'est pas le seul à être considéré par l'opinion publique comme responsable des revers subis durant ce conflit qui a opposé Israël au Hezbollah, du 12 juillet au 14 août. Une majorité d'Israéliens estime que M. Olmert ainsi que le ministre de la Défense, Amir Peretz, doivent eux aussi démissionner. Le quotidien Maariv souligne ainsi qu'après le départ de Dan Haloutz annoncé mardi, « c'est désormais au tour d'Amir Peretz de quitter ses fonctions pour permettre à l'armée de s'engager dans une nouvelle voie. Quant à Olmert, c'est à l'opinion publique de juger ». La situation du Premier ministre est d'autant plus fragilisée que le procureur de l'Etat a ordonné mardi l'ouverture d'une enquête criminelle à son encontre dans un scandale financier lié à la privatisation de la banque Leumi, la deuxième du pays. Le Premier ministre est soupçonné d'être intervenu, alors qu'il était ministre des Finances par intérim en 2005, en faveur d'un homme d'affaires australien, Frank Lowy, candidat à la reprise d'une partie du capital de la banque Leumi. M. Olmert, qui a affirmé la semaine dernière « avoir les mains totalement propres dans cette affaire », est impliqué dans plusieurs autres enquêtes concernant notamment des transactions immobilières, mais aucune charge n'a été jusqu'à présent retenue contre lui. Les partis d'opposition de droite et de gauche ont estimé hier que M. Olmert devait quitter ses fonctions sans même attendre les conclusions de la commission d'enquête officielle sur la guerre du Liban qui doivent être rendues publiques au début février. Voilà pour la version courante, celle servie à l'opinion israélienne, mais dans tous les cas de figure, il s'agit de démettre Olmert et son ministre de la guerre, tous les deux des civils, et venus presque par accident à un tel niveau de responsabilité. Ce ne sont sûrement pas leurs choix qui sont mis en cause, mais le fait qu'ils ne viennent pas de l'armée, et il semble tout à fait normal que celle-ci vienne à faire le ménage. Ce qui est sûr également c'est que ce n'est pas la guerre au Liban par elle-même qui pose problème, car ni Olmert ni Peretz ne sont en mesure d'influencer les plans de l'armée. C'est donc le « la », et rien n'exclut par ailleurs que l'objectif soit aussi une manière de remettre en cause la prochaine rencontre tripartite Abbas-Rice-Olmert.