Le président israélien Moshé Katzav, 61 ans, sur le point d'être inculpé de viol, a demandé hier à la Knesset d'être temporairement suspendu de ses fonctions, a annoncé Giora Pordes, porte-parole du Parlement israélien. Selon un communiqué du procureur général, Menahem Mazouz, M. Katzav doit être inculpé de viol, harcèlement sexuel, entrave à la justice et menaces contre témoins. Une première dans l'histoire du pays dont plusieurs dirigeants — dont Ehud Olmert et l'ex-chef d'état-major Dan Halutz sans oublier Sharon dont la maladie l'a sauvé de passer devant les tribunaux — sont déjà en délicatesse avec la justice. Katzav risque de 3 à 16 ans de prison s'il est reconnu coupable. Sans attendre qu'il prenne la parole, la presse et la classe politique avaient appelé le président israélien à démissionner. Le président israélien est soupçonné d'avoir violé une ancienne employée à l'époque où il était ministre du Tourisme entre 1998 et 1999, et de harcèlement sexuel sur trois autres employées de la Présidence. Avant son inculpation, le Président et ses avocats peuvent être entendus par M. Mazouz, également conseiller juridique du gouvernement, pour tenter de le convaincre de revenir sur sa décision. La date d'une telle audition n'a pas été fixée. M. Katzav, dont le mandat de sept ans s'achève normalement en juillet, a comparé son affaire à celle d'Alfred Dreyfus, capitaine juif de l'armée française accusé à tort de trahison, et s'est dit victime d'une « chasse aux sorcières maccarthyste ». « Je pense que la décision appropriée pour Katzav serait de démissionner », avait ainsi déclaré la ministre de la Justice par intérim et ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, dans un communiqué. « Démissionne » titrait en une le principal quotidien Yédiot Aharonot, au-dessus d'une photo du Président. « Il doit démissionner (...). Comme société, nous avons le devoir de lui dire qu'il n'est plus notre Président et que son portrait ne peut plus être accroché dans les écoles », a affirmé Yossi Beilin, chef du parti de gauche, Meretz. C'est la présidente du Parlement, Dalia Yitzik, qui devra provisoirement le remplacer. Plusieurs personnalités ont d'ores et déjà indiqué qu'elles brigueraient la succession de M. Katzav. Le chef de l'Etat est élu par la Knesset. Les candidats les plus en vue sont l'ex-président de la Knesset, Reuven Rivlin, un « faucon » du Likoud, la députée travailliste Colette Avital et le numéro deux du gouvernement, Shimon Peres, 84 ans. L'écrivain Elie Wiesel a, quant à lui, refusé la proposition d'Olmert de remplacer Moshé Katzav. Israël connaît sous l'ère Olmert une cascade de scandales politico-financiers. Un proche du Premier ministre, Tzahi Hanegbi, est jugé pour prévarication, corruption, fraude, abus de confiance et nominations abusives lorsqu'il était ministre de l'Environnement de 1999 à 2003. Président de la commission parlementaire des affaires étrangères et de la défense, il est accusé d'avoir procédé à 69 nominations de membres du Likoud ou de personnes de sa famille. Proche d'Ehoud Olmert, le ministre de la Justice, Haïm Ramon, a été contraint de démissionner après avoir été accusé d'embrasser de force une jeune soldate. Le Premier ministre lui-même est soupçonné de s'être procuré des fonds pour sa campagne électorale en vendant à un prix nettement supérieur à celui du marché l'une de ses propriétés à Jérusalem. Le contrôleur de l'Etat, Micha Lindenstrauss, a également demandé l'ouverture d'une enquête criminelle à l'encontre d'Ehoud Olmert à propos de nominations politiques abusives à l'époque où il était ministre du Commerce et de l'Industrie. A la mi-août 2006, le chef d'état-major de l'armée, Dan Haloutz, qui vient d'être remplacé, a été accusé d'avoir vendu son portefeuille d'actions trois heures après l'enlèvement des deux soldats à la frontière du Liban et juste avant le déclenchement de l'offensive qui allait provoquer une chute des cours.