Les appels à une démission du Premier ministre, Ehud Olmert, se multipliaient hier à la suite des virulentes critiques émises à son encontre par la commission sur les ratés de la guerre du Liban de l'été dernier. Le flot de critiques est si fort que pas une voix soutenant le Premier ministre ne se fait entendre depuis la publication du rapport, lundi, à l'exception de la sienne, de ses avocats et de ses proches. Un vent de fronde commence même à souffler à Kadima, le parti d'Ehud Olmert Des membres de la formation centriste, y compris des ministres, laissent entendre qu'ils vont appeler leur chef à quitter le pouvoir. "C'est une question de jours avant que quelqu'un au Kadima appelle ouvertement Olmert à démissionner", a affirmé un responsable du parti sous couvert de l'anonymat. Un ministre sans portefeuille, Eytan Cabel, également secrétaire général du parti travailliste, a annoncé mardi qu'il quittait le gouvernement, un départ qui, selon un commentateur, pourrait avoir un "effet domino". "A la suite de la publication de ce rapport, je ne peux pas rester dans un gouvernement dirigé par Ehud Olmert", a-t-il dit en proclamant que ce dernier a "perdu la confiance de la population" et "doit démissionner immédiatement". Un sondage publié lundi soir par la radio publique confirme que près de 70 % des personnes interrogées veulent la démission d'Olmert contre 15% qui l'estiment apte à rester en fonction. Tous les journaux sont unanimes. Les titres vont de "Un pistolet sur la tempe" d'Olmert, en une du Yédiot Aharonot, à "Olmert vers la sortie" pour le Maariv et "Olmert a échoué" pour le Haaretz. "Ehud Olmert doit partir. C'est le fond de l'affaire", écrit le très influent Nahum Barnea, éditorialiste au Yédiot Aharonot et récent lauréat du Prix d'Israël, la distinction la plus prestigieuse du pays. "Si Olmert reste à son poste, il est douteux que quelqu'un assume une quelconque responsabilité personnelle sur quoique ce soit. Et Israël pourra fièrement fanfaronner qu'il fait désormais partie du Tiers-Monde", ajoute-t-il. Les proches d'Olmert, écrit Ben Caspit dans les colonnes du Maariv, "savent la vérité et elle est amère: le Premier ministre ne peut rester à son poste après un tel rapport. Il doit partir". M. Olmert a été accusé d'"échec sévère" par la commission présidée par le juge Eliahou Winograd. Plus graves que ce que révélaient les fuites de ces derniers jours dans la presse, les conclusions du rapport épinglent aussi durement le ministre de la Défense Amir Peretz et l'ex-chef d'état-major Dan Haloutz qui a démissionné en janvier. Le plus important selon le quotidien Haaretz, est de savoir si "ce gouvernement dirigé par Ehud Olmert sera capable de mener la prochaine guerre et de la gagner". "La réponse émanant du rapport est un non sans appel", ajoute le quotidien en concluant: "c'est pourquoi ce gouvernement doit céder sa place, d'une manière ou d'une autre". Une grande manifestation appelant à la démission du Premier ministre et d'Amir Peretz, est prévue jeudi à Tel Aviv à l'appel notamment d'organisations de gauche et de droite, d'associations de réservistes et de familles des quelque 160 soldats et civils tués l'été dernier au Liban. Enfin, un pourvoi a été déposé mardi devant la cour suprême d'Israël en vue de démettre Ehud Olmert de ses fonctions. Face à ces critiques tous azimuts, le Premier ministre a répondu lundi soir: il ne serait "pas opportun que je démissionne et je n'ai pas l'intention de le faire".