Trente ans de carrière dans le théâtre. Sonia Mekkiou est la première comédienne à avoir joué le monologue il y a 15 ans. Elle a également mis en scène de nombreuses pièces et interprété plusieurs rôles. Dans l'entretien qui suit, elle livre ses constats et ses visions sur le théâtre algérien. Vous avez démissionné du TNA en 1988. Pour quelles raisons ? Je n'étais pas la seule à démissionner. Il y avait tout un groupe, tels que Ziani Chérif Ayad, Azzedine Medjoubi, Benguettaf. On a, par la suite, créé une compagnie de théâtre indépendante Masrah El Qalaâ. On a commencé dans une autre dynamique de création autre que dans une institution étatique. Cela avait été possible à la faveur de la libéralisation du paysage culturel après 1988, ce qui nous avait permis de travailler autrement. Vous êtes la première femme à jouer un monologue. Qu'est-ce que cela symbolise pour vous ? Quand on a fait le monologue Fatma, c'était dans le cadre de Masrah El Qalaâ. Cela a été pour moi un désir de le faire comme je venais de comptabiliser des années d'expérience. Je voulais découvrir mes limites. Le travail de monologue est très difficile et moi je voulais connaître mes capacités techniques et artistiques. Jouer sur scène une heure et demie et interpréter plusieurs personnages, c'est passionnant et dur à la fois. C'est une production qui a eu une longue réussite, puisque je l'ai présentée à travers beaucoup de villes et à travers le monde. Quel regard portez-vous aujourd'hui sur le théâtre. La relève est-elle assurée ? La relève est assurée parce qu'il y a plusieurs jeunes comédiens qui activent. Cela fait plaisir de les voir travailler. Mais les problèmes sont ailleurs. Les comédiens n'ont pas de possibilités pour s'exprimer, ils n'ont pas d'espaces pour les répétitions. Il y a de petites coopératives et associations qui font un travail magnifique, mais elles n'ont pas la possibilité de trouver du travail et ne disposent pas de moyens de production, notamment l'argent, car il en faut. Pour faire du théâtre, il faut des espaces pour répéter et jouer. Nous devrons aussi réfléchir au problème du manque de metteurs en scène. Vous avez également relevé le manque d'auteurs dramaturges. Cela est dû à quoi à votre avis ? Je ne saurais vous expliquer le phénomène. Je sais qu'on n'a pas de dramaturges avérés bien qu'il y ait des tentatives. On a des romanciers, des poètes, des gens de lettres, mais ils n'écrivent pas pour le théâtre, et c'est cela qui est désolant. Il y a un problème d'écriture, mais ce n'aurait pas été un handicap, si on avait tout le reste parce que l'adaptation de textes universels est une belle chose qui pourrait interpeller et intéresser le public algérien. Les attentas du métro de Paris de 1995 semblent vous inspirer… Pas vraiment, c'est une anecdote que j'ai racontée au public pour rappeler les années dures et aussi pour dire que les années que nous avons vécues ont causé beaucoup de traumatismes en chacun de nous. Quel est l'agenda de Sonia ? Je suis en train de tourner dans un feuil leton pour la télévision avec Farid Benmoussa intitulé Ce Petit rien d'illusions et ensuite je vais monter une pièce dans le cadre d'Alger capitale arabe 2007 qui sera jouée au TNA. Je suis également sur le projet d'un long métrage pour 2007. Il y a aussi des amis à Tizi Ouzou qui m'ont invitée à venir jouer mon spectacle Hatta ltem dans les jours prochains.