L'ancien patron du groupe Khalifa, Moumène Khalifa, a décidé finalement de rompre le silence qu'il s'est imposé depuis sa chute et son exil londonien. Il a accepté de s'exprimer dans les colonnes d'un journal algérien, l'hebdomadaire en langue arabe Al Mouhakak qui publie dans son édition d'aujourd'hui un entretien de lui. Il apparaît clairement à la lecture de cette interview que l'ancien patron de Khalifa cherche à recentrer le débat du scandale de son groupe en le resituant dans une dimension qui a été occultée ou évacuée jusqu'ici dans la conduite du procès, à savoir la raison d'Etat. Dans un langage très mesuré pour le moment, Moumène Khalifa tente d'envoyer des messages parfaitement clairs aux décideurs sur les retombées politiques et les responsabilités partagées dans ce scandale. Après près de deux semaines de l'ouverture du procès où l'ancien patron de Khalifa est apparu dans les témoignages des accusés et des témoins comme un véritable pirate des temps modernes le rendant presque seul responsable du hold-up perpétré contre l'argent de l'Etat et des petits déposants, Moumène Khalifa décide, selon toute apparence, de passer à l'offensive. En plus de cette première intervention médiatique dans un journal algérien, il a, croit-on savoir, une série de projets d'entretiens avec de grandes chaînes de télévision étrangères telles que la BBC, CNN, TV5... Il envisage également d'intervenir dans la presse écrite étrangère. Cette offensive médiatique de Moumène Khalifa pourrait relancer le procès ou freiner son élan en fonction de l'impact que le témoignage de l'ancien patron de Khalifa livré via les médias pourrait produire aussi bien sur le cours du procès, sur l'opinion publique mais aussi et surtout au niveau des sphères dirigeantes. L'intrusion (inattendue ?) de Moumène Khalifa dans le procès et le débat politico-judiciaire auquel il a donné inévitablement lieu - une initiative mûrement réfléchie qui s'apparente à un chantage qui ne dit pas son nom à l'adresse du pouvoir - marque un tournant dans l'affaire Khalifa. Dans des termes à peine voilés, Moumène Khalifa menace d'entraîner dans sa chute des pontes de ce même pouvoir qui seraient, selon lui, impliqués jusqu'au cou dans le scandale de son groupe. Bien évidemment, pour cette première salve, il n'ira pas loin dans ses attaques contre le système évitant de se prêter au jeu de la délation en s'abstenant pour l'heure de balancer des noms de hauts responsables qui l'ont couvert de leur manteau politique. Mais le loup est déjà dans la bergerie. Des photos de Moumène Khalifa en compagnie de certaines personnalités et hauts responsables dont certains sont en train de le charger dans le procès circulent dans certaines rédactions. Passés les premiers jours où il avait tenu en haleine l'opinion au regard de la publicité dont il avait été entouré, le feuilleton de l'affaire Khalifa qui est entrée depuis quelques jours dans une certaine monotonie promet des rebondissements riches en révélations.