La majorité des commerçants ayant des locaux au marché couvert de la cité 8 Mai 1945 est entrée en grève illimitée depuis le 30 janvier. Le même jour, la direction de l'entreprise SNC, qui gère la structure de plus de 500 boutiques depuis l'année 2000, a rendu publics, officiellement, les nouveaux prix du loyer applicables à partir de cette année. De 6000 DA/mois appliqué jusqu'à la fin 2006, le gestionnaire du marché décide donc de revoir ce loyer mensuel à 8000 DA. Cet affichage date du 21 janvier, mais il n'a été placardé à l'entrée principale du marché qu'hier matin, assurent les commerçants grévistes. Ces derniers affirment qu'ils n'ont pris connaissance de cette « mesure » que mardi. L'administrateur du marché, contacté hier, donne un autre son de cloche : « Les commerçants ont été mis au courant, depuis octobre 2006, par le bouche à oreille », indique-t-il. Il reconnaît cependant que l'annonce n'a pas été faite officiellement (affichage). C'est devenu désormais un phénomène cyclique : chaque début d'année, l'entreprise qui gère ce souk tente d'augmenter les loyers des boutiquiers et les concernés ripostent en gelant leur activité. Les mêmes commerçants ont, en effet, observé une journée de protestation, le 18 janvier 2006, pour « dénoncer la décision du gérant des lieux d'augmenter le loyer sans les aviser » (El Watan du 19 janvier 2006). L'année dernière, la direction a tenté d'imposer un loyer de 10 000 DA avant de revenir sur sa décision sous la pression des vendeurs, et de maintenir le tarif à 6000 DA. Les vendeurs avaient craint, par la même occasion, que les « responsables reviennent à la charge ». Ce qui fut fait. Les boutiquiers refusent catégoriquement l'augmentation de la location, car ils estiment que rien ne la justifie. « C'est nous qui avons aménagé nos boutiques (faux plafond, carrelage, peinture). Nous n'avons bénéficié au départ que des murs », expliquent-ils. Le gestionnaire, de son côté, justifie cette augmentation par les frais engagés dans l'installation d'un poste électrique qui aurait coûté 4 millions de dinars à la SNC. « Chaque fois qu'on réalise quelque chose, on récupère les frais engagés sur le dos des commerçants. Les responsables du marché font du racket », déclarent les vendeurs. Les coupures d'électricité étaient fréquentes dans cette structure commerciale, ce qui a causé beaucoup de dégâts aux vendeurs. « J'ai jeté une marchandise d'une valeur de 10 millions de centimes. Je n'ai jamais été remboursé par la direction du marché », s'emporte un jeune boucher. Le représentant de la SNC nuance : « Il y a des vendeurs qui ont été remboursés en jouant sur le loyer. » Il étale son argumentaire par les arriérés de location parfois de deux ans non versés à ce jour. La SNC justifie aussi cette nouvelle augmentation par des travaux à réaliser : assainissement, goudronnage de la voie d'accès au marché, aménagement d'une nouvelle enseigne... De leur côté, les commerçants grévistes exigent une « solution définitive ». Ils entendent par « solution définitive » la baisse du loyer à 4000 DA/mois et le transfert de la gestion du marché aux services de l'APC de Bab Ezzouar. A signaler qu'aucune prise de contact entre les grévistes et leur tutelle n'a eu lieu depuis le début de cette action de protestation.