Tout ce qui a été dit sur le cessez-le-feu décrété lundi dans les combats interpalestiniens s'est confirmé. Ou encore, toute la crainte des Palestiniens s'est avérée fondée. Les combats alimentés par de profondes divergences entre le Hamas et le Fatah sont partis pour durer, puisque les deux parties n'hésitent pas à recourir à tous les moyens, prenant en otage toute la population. Depuis jeudi, ce n'est donc plus seulement la fin d'une trêve, mais aussi celle de la précarité. L'on a donc assisté certainement aux affrontements les plus violents et les plus meurtriers, puisque hier matin, un bilan provisoire faisait état de treize tués, dont des membres du Fatah et du Hamas, et quelque 170 blessés dans des affrontements entre les partisans des deux camps en moins de 24 heures dans la bande de Ghaza, selon le chef des services d'urgence. La garde présidentielle du leader palestinien et chef du Fatah Mahmoud Abbas a arrêté, quant à elle hier, avant l'aube, deux chefs de la Force exécutive, contrôlée par le gouvernement du Hamas, a-t-on appris de source de sécurité. Le porte-parole de la force du Hamas a toutefois démenti l'arrestation des deux hommes. « C'est une fausse information. Ils n'ont pas été arrêtés et ils supervisent des opérations », a indiqué Islam Chahwane. Un chef de la force pour le centre de la bande de Ghaza a été toutefois arrêté, a-t-il précisé. Selon la source de sécurité, Abou Oubeïda et Youssef Zahar, chefs de cette force respectivement pour la bande de Ghaza et Ghaza-ville, ont été interpellés lors d'une opération à l'Université islamique de Ghaza, un bastion du Hamas. Youssef Zahar est le frère du ministre des Affaires étrangères Mahmoud Zahar. La garde présidentielle a pénétré dans l'Université islamique après le tir sur le campus par des militants du Hamas d'obus de mortier et des roquettes RPG contre le complexe abritant les bureaux de la présidence palestinienne à Ghaza. Un responsable des services de sécurité liés au Fatah a indiqué que des armes et des explosifs avaient été saisis à l'université. « Nous condamnons sévèrement cette action de la garde présidentielle et ses actes de vandalisme commis dans l'Université islamique, qui est une institution académique où ne se trouvent ni des hommes armés ni des dépôts d'armements ou d'explosifs », a indiqué le porte-parole du Hamas Ismaïl Radwan. Jeudi en fin de journée, la présidence palestinienne avait accusé le Hamas d'avoir provoqué un « embrasement intentionnel et prémédité provoqué pas le Hamas et ses miliciens sous des prétextes mensongers », selon son porte-parole, Nabil Abou Roudeina. Il a appelé au calme, demandant aux responsables du gouvernement, issu du Hamas, de cesser les « déclarations irréfléchies qui nuisent aux intérêts du peuple palestinien ». Les violences ont éclaté après l'interception par des hommes armés du Hamas d'un convoi transportant tentes, matelas, latrines et autres équipements « logistiques » venant d'Egypte et destinés à la garde présidentielle, fidèle au parti Fatah, selon le porte-parole de cette force. Ils ont confisqué deux des camions du convoi et les ont vidés dans une mosquée de Nousseirat, a-t-il ajouté, en soulignant que le convoi n'acheminait pas d'armes. Le Hamas a assuré de son côté qu'un pays arabe, non cité, avait envoyé une « grosse cargaison » d'armes destinée à la garde présidentielle qui aurait transité par l'Egypte. Le chef d'une délégation sécuritaire égyptienne basée à Ghaza, Bourhan Hammad, a accusé les auteurs de ces affirmations « totalement mensongères » de vouloir « entretenir la tension et pousser le Fatah et le Hamas à s'engager dans une course aux armements ». Mercredi, le Hamas avait accusé Washington de chercher à provoquer une guerre civile dans les territoires palestiniens en annonçant une aide de plus de 86 millions de dollars aux forces fidèles au président Abbas. Fatah et Hamas sont engagés, depuis l'arrivée de ce dernier à la tête du gouvernement en mars, dans une épreuve de force qui a culminé fin janvier avec la mort de 50 personnes. Plusieurs rencontres en vue de former un gouvernement d'union ont échoué en raison de divergences politiques persistantes. Réunion du Quartette C'est dans un tel contexte très défavorable aux Palestiniens que devait se réunir hier le Quartette afin, selon son ordre du jour, relancer son plan de paix, celui-ci étant déjà en retard de deux années, puisqu'il prévoyait l'établissement d'un Etat palestinien en 2005. Tout est donc bon pour retarder encore cette perspective, les combats actuels, faisant d'eux des populations « dangereuses » ou tout simplement « ingérables ». La rencontre d'hier est « une réunion importante à un moment important », a déclaré jeudi le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. Le secrétaire général de l'ONU, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et son collègue allemand Frank-Walter Steinmeier, qui assure actuellement la présidence de l'Union européenne, devaient retrouver Mme Rice au ministère américain des Affaires étrangères. Elle précède une rencontre trilatérale qui devrait rassembler à la mi-février le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et Mme Rice. Qu'est-ce qui en sortira, se demande-t-on d'ores et déjà, même si l'expérience passée a déjà démontré qu'il faille faire preuve de prudence ?