Faisant fi de tous les accords de cessez-le-feu et des appels à la sagesse, les partisans du Hamas et du Fatah continuent à s'entretuer, à la grande satisfaction d'Israël qui se frotte les mains de voir les Palestiniens s'autodétruire. Le spectre de la guerre civile est de plus en plus présent. Jusqu'à hier en fin de matinée et depuis la reprise des affrontements inter-Palestiniens le 7 juin dernier, soixante Palestiniens ont été tués par les armes de leurs frères. Les combats ont atteint un nouveau stade avec les attaques lancées par les combattants du Hamas, qui ont assiégé, hier, un bâtiment des services de renseignements palestiniens. L'objectif est de mettre en déroute l'appareil des forces de l'ordre fidèle au Fatah à Gaza. D'intenses échanges de tirs opposaient les combattants du Hamas aux membres des services de renseignements retranchés dans le bâtiment, selon les mêmes sources. Pour rappel, les partisans armés du Hamas s'étaient emparés, mardi, de plusieurs quartiers généraux et des positions des services de sécurité. Le mouvement islamiste semble déterminé à trancher par la force son bras de fer avec le Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas. Réagissant à cette situation, la présidence palestinienne a accusé le Hamas de préparer un “putsch” pour contrôler la bande de Gaza et de “pousser à la guerre civile”. Le Fatah a dénoncé une campagne “visant à créer une République de la haine et de la mort à Gaza”. Allant plus loin, le comité central du Fatah a décidé de suspendre la participation de ses ministres au gouvernement d'union avec le Hamas si les combats se poursuivaient. Pour Hamas, cette annonce est une “tentative de chantage et de pression”. La même source ajoutera : “Si le Fatah veut sérieusement faire cesser les combats, il doit museler le courant putschiste et traître qui agit en son sein. Ceux qui commettent les crimes dans les rues de Gaza sont des membres des services de sécurité relevant du président Mahmoud Abbas.” Il y a lieu de noter que ces derniers assauts du Hamas surviennent après des attaques au mortier qui ont visé le bureau de Mahmoud Abbas à Gaza et la maison du Premier ministre, Ismaïl Haniyeh. Mais, aucun des deux dirigeants ne se trouvait sur les lieux attaqués. En somme, au grand bonheur d'Israël, les Palestiniens continuent à se tromper d'ennemis en s'entretuant au grand jour. Poussant le cynisme à l'extrême, l'Etat hébreu, par la voix d'Ehud Olmert, s'est déclaré inquiet, mardi, de la poursuite des violences interpalestiniennes dans la bande de Gaza et a averti qu'elles pourraient avoir “des conséquences régionales” si le Hamas islamiste s'imposait. Leur seule inquiétude est que le mouvement islamiste gagne ce duel. “Le Premier ministre est préoccupé par la situation à Gaza et s'inquiète en particulier de la capacité des forces modérées de l'Autorité palestinienne à faire face aux menées des extrémistes ainsi que de la contrebande d'armes vers Gaza”, a indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre israélien. “Si la bande de Gaza tombe complètement aux mains du Hamas, cela aura des conséquences régionales”, a affirmé Olmert au ministre néerlandais des Affaires étrangères, Maxime Verhagen. Il a indiqué qu'Israël ne voulait pas s'impliquer dans les combats opposant le Hamas et le parti Fatah du président Mahmoud Abbas. Il s'est même permis une pique en direction des dirigeants arabes en ajoutant : “Les Etats arabes doivent agir au plus vite pour que la situation change dans la bande de Gaza, et le déploiement d'une force multinationale dans le secteur de la Route Philadelphie pour empêcher le renforcement des extrémistes devrait être sérieusement envisagé.” K. ABDELKAMEL