Dérapage n Le risque est sérieux ! Les Palestiniens vont directement vers une guerre civile généralisée. Ni les trêves ni les appels au calme ne semblent pouvoir les raisonner. Devant la dégradation de la situation sécuritaire à Gaza, le président Mahmoud Abbas envisagerait de déclarer l'état d'urgence dans les territoires, a déclaré ce matin le vice-Premier ministre palestinien. «Il se peut que M. Abbas déclare l'état d'urgence. C'est une mesure qui est nécessaire», a-t-il souligné. «Nous avons demandé avec les autres ministres présents à Ramallah une réunion avec le Président pour prendre des mesures et mettre fin à la crise actuelle», a-t-il ajouté sans donner plus de précisions sur cette réunion. Sur le terrain, les Palestinien continuent de compter leurs morts. Ce mercredi matin, six membres de l'entourage d'un responsable sécuritaire du Fatah ont été tués dans une attaque lancée par le Hamas contre sa maison à Gaza, a indiqué un porte-parole du Fatah. Selon ce porte-parole, Abdel Hakim Awat, des membres des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, sont rentrés dans la maison du chef de la sécurité intérieure au sein de l'Autorité palestinienne, et ont tué «au moins quatre de ses gardes du corps». Ils ont ensuite brûlé une partie de la maison, située dans le sud de la ville de Gaza, avant de prendre la fuite. Les attaquants avaient dans un premier temps enlevé la femme et la fille de M. Abou Chbak mais les ont ensuite relâchées, a-t-on souligné de source sécuritaire. Des combats se déroulaient ce mercredi matin aux alentours de la maison du responsable du Fatah, le parti du président de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, entre les forces de sécurité et les combattants «islamistes». Cette attaque perpétrée par le Hamas intervient au lendemain de la journée la plus sanglante dans la bande de Gaza depuis l'entrée en fonction du gouvernement d'union nationale Fatah-Hamas, avec 16 morts et une cinquantaine de blessés lors d'une opération menée par les islamistes contre une position des forces de sécurité fidèles au président Abbas dans la bande de Gaza. Ces violences, qui ont fait en tout 29 morts et plusieurs dizaines de blessés depuis vendredi, menacent sérieusement la cohabitation entre le Hamas et le Fatah de M. Abbas, au sein du gouvernement d'union nationale en place depuis le 17 mars. Un accord de cessez-le-feu, sous l'égide de médiateurs égyptiens, est intervenu tard dans la soirée de mardi lors d'une rencontre entre responsables du Hamas et du Fatah. «Le Hamas et le Fatah ont convenu de faire appliquer les accords de ces derniers jours mettant en place un cessez-le-feu à 00h 00 (21h 00 GMT) et un bureau et un centre de contrôle commun. Les barrages seront levés et les otages relâchés», ont déclaré les deux partis dans un communiqué commun à l'issue de la réunion. Des explosions et des tirs ont cependant été entendus peu après minuit, mercredi, dans l'ensemble de la ville de Gaza malgré la négociation de cette trêve. Sur la scène internationale, le président égyptien, Hosni Moubarak, a appelé mardi à «l'arrêt immédiat» des affrontements armés interpalestiniens, dans un entretien téléphonique avec le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas. M. Moubarak a souligné que ces affrontements dépassaient «une ligne rouge» que les «différentes factions doivent s'engager à ne plus franchir». Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est dit «profondément inquiet» mardi de l'escalade des violences interpalestiniennes dans la bande de Gaza, soulignant qu'il soulèverait la question avec le président palestinien Mahmoud Abbas.