Le prestigieux et très suivi championnat italien de football a été suspendu jusqu'à nouvel ordre et le commissaire de la Federcalcio, la Fédération de football italienne, Luca Pancalli, a lancé, hier, son mot d'ordre catégorique : « Stop au football italien. Basta, cette fois vraiment basta. » Les équipes de toutes les catégories de football, qu'il soit professionnel ou amateur, sont priées de rester au vestiaire jusqu'à ce que les autorités italiennes autorisent de nouveau les compétitions du sport le plus populaire d'Italie à se poursuivre, en l'absence de danger pour l'intégrité physique de tous les acteurs qui veillent au bon déroulement d'un match. Le ministre de l'Intérieur italien, Giuliano Amato, lui aussi, a décrété, hier, dès l'annonce de la mort d'un de ses policiers affecté au stade Massimiliano de Catane où se déroulait un important derby Palerme-Catane : « Trop, c'est trop. » Amato a averti les dirigeants des clubs italiens, tenus pour responsables, en partie, de la recrudescence des affrontements violents et émeutes visant tifosi adverses et éléments des forces de sécurité : « Aucun policier ne sera affecté à la sécurité des stades » tant que des mesures drastiques contre les hooligans ne seront pas prises. Fillipo Raciti, 38 ans, était un inspecteur de la police de la ville de Catane et père de deux enfants. Il est mort à cause des graves blessures provoquées par l'explosion d'un feu de Bengale transformé par des tifosi belliqueux en une petite, mais mortelle bombe artisanale. Quelques minutes à peine s'étaient écoulées depuis le début de la deuxième mi-temps du derby lorsque des supporters catanais, selon les enquêteurs italiens, se sont acharnés contre un groupe de supporters de l'équipe rivale. Rapidement, des affrontements violents entre spectateurs et agents des forces de l'ordre ont transformé le stade en un véritable champ de bataille. Et si le très sérieux quotidien sportif Corriere Dello Sport se laisse aller à publier en première page, dans son édition d'hier, « Morto in guerra », ce n'est sûrement pas sur le seul coup de l'émotion suscité par la mort tragique d'un policier. La photo de l'agent décédé a fait le tour des rédactions sportives et politiques, et le ras-le-bol général s'est laissé s'exprimer sous toutes ses formes. Le président du Conseil italien, Romano Prodi, lui-même, n'a pas hésité à parler de « dégénérescence du sport ». Hier, tous les participants aux compétitions sportives tenues dans la péninsule ont observé une minute de silence pour rendre hommage à la victime, dont la veuve a demandé que les cérémonies festives célébrant la sainte patronne de Catane, Sant'Agathe, qui se tiennent cette semaine dans la ville sicilienne, soient annulées, ce à quoi les autorités locales ont effectivement procédé. Une quarantaine de supporters ont déjà été arrêtés par la police italienne et la justice sportive s'apprête à étudier l'hypothèse de l'exclusion du championnat national de l'équipe de Catane. L'équipe nationale des Azzurri fera elle aussi les frais de cette gangrène du calcio et toutes les parties de football, décisives et amicales, programmées en Italie pour les prochains jours ont été annulées, dont le match amical Italie-Roumanie qui devait se dérouler au stade de Sienne, mercredi prochain. Rome. De notre correspondante