La reprise du football se profile pour dimanche en Italie, mais la tenue de nombreux matches à huis clos faute de stades aux normes a mis aux prises hier le gouvernement, qui n'entend pas transiger, et la plupart des dirigeants de club, inquiets du manque à gagner. “Il y a aura des pressions pour que le spectacle continue (...) Nous avons le devoir à l'égard des forces de l'ordre et des citoyens de résister. La sérénité des familles italiennes vaut plus que les intérêts économiques”, a déclaré en matinée le ministre de l'Intérieur Giuliano Amato. La veille, Antonio Matarrese, président de la ligue, avait déclenché une vive polémique en déclarant : “Nous sommes touchés, mais le spectacle doit continuer (...) Le football ne doit jamais s'arrêter. C'est la règle n°1 : le football est une industrie”. Le ministre de l'Intérieur a ainsi voulu mettre les choses au point : des rencontres se joueront à huis clos aussi longtemps que tous les stades du pays ne seront pas aux normes de sécurité légales. L'interdiction d'accueillir du public jusqu'à ce que les installations et l'organisation des stades soient conformes constituait la principale mesure d'urgence annoncée avant-hier, trois jours après la tragédie de Catane. Une disposition qui a tôt fait d'irriter les dirigeants de club d'autant plus que, selon le gouvernement, seulement cinq enceintes remplissent actuellement les conditions de sécurité. Une multiplication des matches à huis clos aurait de lourdes retombées économiques. La loi impose notamment des billets nominatifs, des places numérotées, des tourniquets et un systhme de vidéo-surveillance interne et externe, mais jusqu'à présent, les nombreux stades hors normes bénéficiaient de dérogations. Giuliano Amato a admis hier “avoir commis une erreur en signant en décembre le document qui autorisait les préfets à concéder des dérogations” pour ces structures. “Nous sommes tous d'accord sur l'interdiction des déplacements (groupés) de supporteurs (à l'extérieur), il y aura donc moins de problèmes d'ordre public”, a déclaré de son côté le président de Palerme, Maurizo Zamparini, à l'issue d'une réunion de la Ligue des clubs professionnels (Lega Calcio). “Nous avons exprimé notre opposition à des matches à huis clos parce que les clubs sont en mesure de garantir la sécurité des stades en l'absence de supporteurs adverses”, a-t-il poursuivi. “Les portes closes, c'est une faillite pour nous tous. Cela finit par seulement pénaliser la partie propre des supporteurs”, a souligné pour sa part Claudio Lotito, président de la Lazio. Les mesures, comme l'interdiction de la vente groupée de billets pour les supporteurs adverses, doivent prendre la forme d'un texte législatif adopté mercredi lors d'un Conseil des ministres extraordinaire. Le commissaire extraordinaire de la Fédération italienne de football (FIGC), Luca Pancalli, a annoncé qu'il ne prendrait aucune décision sur la reprise du championnat avant l'adoption de ce texte, mais il a ajouté que celui-ci pourrait redémarrer dimanche. “Les matches à huis clos sont un sacrifice pour le bien de ce sport et les vrais supporteurs doivent l'accepter”, a déclaré pour sa part Rosella Sensi, la patronne de l'AS Rome, moins catégorique que la plupart de ses homologues. Il faut dire que le Stade olympique de la capitale fait partie des rares enceintes aux normes. Selon la Gazzetta Dello Sport, si la Serie A et la Serie B (1re et 2e divisions) devaient reprendre dimanche, sur vingt rencontres, neuf se dérouleraient à huis clos et trois avec une assistance limitée.