C'est la trêve ! Ayant menacé, il y a quelques jours, de recourir à la grève afin de presser Naftal à répondre favorablement à leurs revendications, les exploitants libres des stations-services décident de surseoir à leur action. Du moins, momentanément. La décision a été annoncée, hier, par les responsables de la Fédération nationale des pompistes lors d'une conférence de presse animée à Alger. « Nous nous sommes réunis, vendredi, et nous avons décidé d'annuler notre mouvement de grève », a déclaré Mustapha Aiouez, porte-parole de ladite fédération. Cette décision est intervenue suite, a-t-il expliqué, au geste fait par le président de la République qui a mis en place une commission d'enquête interministérielle afin d'élucider cette question. « Par respect au chef de l'Etat, nous avons annulé le débrayage que nous comptons entamer à partir du 8 février », a-t-il précisé. La commission en question regroupe, selon l'orateur, les représentants de quatre départements ministériels, en l'occurrence les ministères de l'Energie, de l'Intérieure, du Commerce et des PME-PMI. « Il n'est plus question de parler de grève avant de connaître les résultats auxquels va aboutir cette enquête », a ajouté Mustapha Aiouez. A l'origine de ce conflit, rappelons-le, le contrat de location gérance proposé aux pompistes par l'entreprise Naftal. Un contrat que les exploitants refusent de signer, tout en proposant à l'entreprise en question la concession de la gestion de ces stations. Les protestataires contestent même les clauses de ce contrat, jugé « inadéquat » et qualifié de « coupe-gorge ». L'article 28 de ce contrat semble être le plus gênant pour les pompistes, puisqu'il porte sur la reprise par Naftal de tous ses droits sur le fonds de commerce dans le cas de décès du gérant. « En cas de décès du gérant, le présent contrat prend immédiatement fin sans notification et Naftal reprend ses droits sur le fonds de commerce sans qu'aucune action judiciaire ne puisse être entreprise contre elle. Dans le cas où Naftal ne souhaite pas reprendre l'exploitation directe de la station-service, la priorité sera accordée à l'un des ayants droit, dûment désigné par acte notarié », stipule l'article en question. Lors d'une conférence de presse animée, mercredi dernier, le PDG de Naftal, Saïd Akretch, a rejeté la proposition émise par ses vis-à-vis concernant la concession de la gestion des stations-services. Selon lui, ces dernières « sont des biens de Sonatrach et non pas de l'Etat, comme le prétendent les exploitants libres ». « J'affirme que la propriété de Sonatrach et sa filiale Naftal sur ces stations-services ne souffre d'aucune ambiguïté ni amalgame du fait que les biens des ex-sociétés pétrolières étrangères nationalisées ont été acquis par Sonatrach, soit par rachat direct (cas de BP), soit dans le cadre des nationalisations de 1967 et 1968 par remboursement du Trésor public », a souligné Saïd Akretch. Mais selon Hamid Aiouez, conseiller juridique de ladite fédération, les responsables de Naftal font une fausse interprétation de l'ordonnance de 1968. Cette ordonnance, a-t-il soutenu, n'octroie à Sonatrach que le droit de jouissance de ses stations. « Ces stations, de par leur nature juridique, sont un bien de l'Etat et Sonatrach n'est pas un démembrement de l'Etat », a-t-il conclu.