Le sondage de la Sofres montre que 37% de Noirs jugent que les discriminations dont ils sont victimes se sont « aggravées » depuis un an. 62% disent souffrir de racisme dans les transports et les espaces publics et 81% des sondés font plutôt confiance aux associations pour lutter contre ces dérapages raciaux. Paris : De notre bureau D'après M. Lozes, président du CRAN, « l'objectif de ce sondage est de montrer la réalité des discriminations en France et de débusquer la société blanche bien pensante qui continue de se retrancher derrière l'absence de chiffres. Cette fois, elle n'a plus d'excuse ». Pour soutenir davantage les résultats du sondage, le président du Cran affirme qu'en « France, il y a trois fois moins de cadres noirs que de cadres blancs dans les entreprises ». Et de se demander : « Pourquoi les Noirs auraient-ils plus envie d'être des ouvriers ? » A ceux qui l'accusent de faire le jeu du communautarisme, Patrick Lozes dit en avoir marre de l'hypocrisie générale qui se cache derrière ce genre d'attaque. Il prend à témoin la photo de campagne de Nicolas Sarkozy sur laquelle on voit 17 cadres blancs sur les 18, alors que le candidat à la présidentielle se considère le chantre de l'intégration et des principes républicains. Fort du soutien de plus d'un million et demi de personnes noires, selon des sources non confirmées, en âge de voter, le président du Cran n'exclut pas de présenter un candidat aux élections ou donner des consignes de vote. « Les Noirs, dit-il, ont besoin d'un message symbolique, tel que la nomination de 8% de Noirs dans le prochain gouvernement, la création de 1000 entreprises par des managers de la même couleur et enfin la mise en place de mesures spécifiques pour accéder aux grandes écoles, aux médias et au marché du travail. » Jugé dérangeant, le sondage a été différemment apprécié par les hommes politiques et les associations. Pour Bernard Stasi, ancien médiateur de la République et l'un des initiateurs de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et de l'égalité (Halde), « il existe un risque de renforcer le communautarisme et l'enfermement sur ses origines. » Et d'assurer que « la France a suffisamment de moyens législatifs pour lutter contre les discriminations et la Halde fait tout pour garantir les respect ou la promotion de l'égalité des chances pour tous ». Un discours sans conviction pour un député socialiste qui qualifie ce recensement « d'intelligent ». « Refuser des statistiques ethniques, c'est considérer que tous les citoyens de la République reçoivent le même traitement quels que soient la couleur de leur peau ou l'orthographe de leur nom ». Il avoue que le phénomène de racisme fait des ravages parmi les populations noires et arabes. Pour confirmer l'étendue du phénomène, la chaîne Canal + a diffusé mercredi dernier un documentaire Dans la peau d'un Noir. Deux familles, l'une blanche et l'autre noire, ont échangé pendant un mois leur identité pour mesurer les degrés de racisme auxquels elles sont confrontées. Le résultat est sans appel : il n'est pas bon d'être Noir au pays de Jaurès et de Montesquieu.