Il faut un sacré courage pour emprunter la passerelle reliant la gare de Belouizdad à l'avenue de l'ALN, en particulier lorsqu'il pleut. L'eau, mélangée aux détritus de toutes sortes qui jonchent et les escaliers et la traverse, se transforme en une couche de boue épaisse qui colle aux semelles quand elle n'éclabousse pas les nombreux voyageurs qui l'empruntent. L'endroit, dont l'état déplorable indique qu'il n'a jamais été nettoyé, présente, par ailleurs, des signes de vétusté : les marches d'escalier sont érodées, tandis que la passerelle est fissurée en maints endroits. De même, la couche de bitume qui la recouvre est décapée en plusieurs endroits. Au moment où des efforts sont déployés pour améliorer le cadre de vie des algérois, la passerelle est pratiquement laissée à l'abandon, malgré son utilité. Chaque jour, des milliers de personnes en provenance de la banlieue est algéroise, voire de Blida et de Tipaza, l'empruntent. L'intense circulation qu'elle connaît a poussé des vendeurs à la sauvette à s'y installer pour proposer toutes sortes de marchandises, à savoir de bric-à-brac d'objets de pacotille, de figues sèches, de lunettes de contrefaçon, des produits de beauté et, évidemment, les incontournables cornets de cacahuètes et les cigarettes vendues à l'unité. Le pire, c'est que les lieux sont squattés dans la journée par des mendiants, des femmes en majorité, qui étalent, dans la fange, leur extrême misère. Depuis quelques jours, c'est toute une famille qui a pris possession des lieux, sous le regard ulcéré des passants.