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Réformer l'enseignement technique pour le détruire, est-ce bien utile ?
Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2007

Le débat sur le démantèlement des lycées techniques et technicums a dominé l'actualité depuis l'appel « Sauvons les lycées techniques » lancé en novembre 2006.
Les réponses du ministre de l'Education nationale laissaient entendre que les enseignants étaient particulièrement inquiets pour leurs postes de travail et leur carrière alors que les débats se sont polarisés, notamment, sur l'avenir de l'enseignement technique, son évolution, ses missions et la sauvegarde de l'identité de ce pan du système éducatif. La contre-attaque des professeurs de l'enseignement technique a permis d'imposer un débat qui, nous l'espérons, fera reculer la logique suicidaire du projet de démantèlement de l'enseignement technique.
L'identité de l'enseignement technique
Le défi de la CNLTT de lever le voile sur le vrai visage de l'actuelle réforme de l'enseignement technique et les enjeux socioéconomiques de la refonte de l'école algérienne s'est imposé de facto lors de la rencontre nationale des lycées techniques et technicums du 23 décembre 2006 à Alger. On était bel et bien devant une réforme qui prépare la mort préméditée de l'enseignement technique. Cette mort est présentée comme naturelle parce que le meurtrier n'est pas visible. L'attentat contre la culture technique a commencé par la suppression de 50% des filières. Les autres restantes ont vu leurs horaires alignés sur ceux de l'enseignement général entraînant une réduction importante des horaires destinés au technique. Au sein des enseignements techniques, la part réservée à la pratique a diminué. Détachée de toute perspective de renforcement d'un pôle technique, indépendant dans l'éducation, les concepteurs de ce projet voulaient faire de l'enseignement technique une bigoterie mémorielle. Dans la nouvelle réforme, la culture technique spécifique et spécialisée est éclipsée par le touche-à-tout méthodologique. La tendance dans cette réforme par défaut est à l'abstrait, à la flexibilité, à la mobilité « l'employabilité ». C'est la mise à mort de la spécialisation pointue ! Face à ce qu'il a considéré comme une insoumission à son projet de réorganisation de l'enseignement technique, le ministre de l'Education nationale a qualifié les enseignants qui sont contre la dilution de la culture technique et son assimilation à de l'enseignement général de « minorité d'enseignants accrochés à des schémas éculés ». Cette intimidation d'autorité a pour but de paralyser l'expression libre et le débat critique. Les professeurs de l'enseignement technique considèrent que la défense de l'identité et l'autonomie de l'enseignement technique historiquement constitué sont un droit acquis. A la différence de l'argument moral, l'évolution des connaissances et l'obligation faite à l'école de s'y adapter, maintenir l'accès à l'enseignement technique pour tous sont un argument politique qui concerne toute la société. Il est étonnant donc que le débat sur un sujet aussi fondamental échappe au contrôle des politiques et que la réforme, du coup, soit justifiée après son application. La journée de protestation du 16 janvier 2006 des enseignants des lycées techniques et des technicums a rendu visibles leurs revendications. Au-delà du taux de participation à la grève, dont le chiffre est au-dessous de la vérité, c'est surtout la dynamique nationale de la grève des lycées techniques d'Alger, Oran, M'sila, Boumerdès, Sétif, Bordj, Batna, Béjaïa, Tizi Ouzou, Djelfa, Tipaza, Bilda et Médéa qui a gêné la tutelle car, elle constitue un témoignage indiscutable de l'écho de la CNLTT, une fois que les termes du débat ont été circonscrits par la première rencontre nationale des lycées techniques et technicums le 23 décembre 2006 : 1- L'abandon du plan de démantèlement des lycées techniques et technicum et le maintien en place des équipes pédagogiques et du patrimoine matériel 2- L'ouverture du dialogue sur des perspectives pour un enseignement technologique et technique rénové et de qualité. Les observateurs de la scène sociale ont remarqué que le ministère de l'Education qui comptait sur l'innaction des professeurs des lycées techniques a été obligé de sortir de son silence lorsque cette inertie a commencé à être vaincue. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a qualifié le processus de prise de conscience des enseignants des lycées techniques comme un processus marginal sous-estimant l'impact de la grève en déclarant qu'une minorité d'enseignants persiste à s'inscrire à contre-courant d'une nouvelle dynamique induite par la réforme en s'accrochant à des schémas éculés. Ce type de déclaration dans un communiqué officiel est un exemple emblématique du mode d'exercice du pouvoir qui permet d'éluder un processus de décisions non formalisées comme allant de soi : la société civile et les acteurs sur le terrain n'ont qu'à se plier aux décisions prises et accepter ainsi un déni de démocratie.
Derrière la réforme, des enjeux importants
Cette déclaration brutale faite au lendemain de la grève du 16 janvier 2007 résume la perception du ministère de l'Education nationale sur la manière dont se font les réformes de l'éducation ou, pour le dire autrement, élude la discussion sur le cadre légal extrêmement contesté du processus de démantèlement de l'enseignement technique. Pourtant, les recommandations conjointes de l'OIT-Unesco de 1966 concernant la condition du personnel enseignant (CEART) de l'article 9 stipule : « Il convient de reconnaître que les organisations d'enseignants peuvent contribuer grandement au progrès de l'éducation et qu'en conséquence, elles devraient être associées à l'élaboration de la politique scolaire. » L'interrogation sur le processus de démantèlement des lycées techniques et technicums, la réduction de la moitié des filières, la réduction des volumes horaires des filières restantes, la hiérarchisation des savoirs techniques à options ont conduit les professeurs de l'enseignement techniques à déceler ce qui se profilent dans le nouveau système de l'éducation : « Une extinction des savoirs techniques, une réduction de l'accès à ces savoirs, une atteinte à la démocratisation de l'enseignement par une sélection précoce et enfin une redéfinition de l'enseignement technique qui tire vers la formation professionnelle. » Les enseignants de l'enseignement technique ont abordé l'argumentaire du ministre de l'Education sur le taux de 80% d'échec en tronc commun universitaire. Ils ont estimé que le ministre n'explique pas les causes de ce phénomène réel qui a surgi au début des années 1980 avec l'extinction de la filière mathématiques et la multiplication de matières secondaires qui dévoraient le temps imparti aux matières essentielles, à savoir les sciences physiques, les mathématiques et les savoirs techniques. L'échec dès lors a été cuisant et l'enseignement technique, malgré la bonne volonté des enseignants et leur dévouement, a commencé à péricliter. La leçon à retenir est qu'on ne peut transmettre les savoirs les plus spécialisés si on ne dispose pas dans l'enseignement moyen et au secondaire d'une orientation basée sur des prérequis. Si on veut former des ingénieurs, on doit se préoccuper des difficultés en amont et non démanteler les lycées techniques et technicums. C'est pourquoi la rencontre nationale des lycées techniques et technicums tenant compte de l'évolution générale de l'enseignement technique et des problèmes qui ont émergé avec la réorganisation de l'enseignement technique a exigé dans le point 2 de ses recommandations : « L'ouverture du dialogue sur des perspectives pour un enseignement technologique et technique rénové et de qualité. » Par cette demande, elle remet les pendules à l'heure et pose la manière dont se font les diagnostics et les prises de décisions ainsi que les espaces d'arbitrage pour de telles décisions.
Quelles sont les missions de l'enseignement technique ?
La rencontre nationale du 23 décembre 2006 à Alger a circonscrit deux fonctions de l'enseignement technique : La culture technique allie la transmission des savoir-faire et savoirs académiques. L'enseignement technique vise la production d'effets, contrairement à l'enseignement général ou scientifique qui vise une compréhension du monde. Cette transmission s'est instituée historiquement dans un espace qu'on a appelé le lycée technique où cohabitent les humanités, l'expérimentation et la connaissance technologique. C'est à partir de ces deux missions de l'enseignement technique que la rencontre a diagnostiqué l'ensemble des mesures qui ont été mises en application sur le terrain. Le discours rhétorique sur la réforme du ministre de l'Education ne remet pas en cause explicitement l'enseignement technique mais au passage, il élimine la moitié des filières et l'autre moitié restante sous le label techniques mathématiques devient optionnelle. L'attribution d'ouverture de ces options est remise au chef d'établissement. Le mode de critère pour l'ouverture de ces filières est laissé dans le vague. Il est évident qu'il y a un premier risque, à savoir qu'à la longue, certaines filières tomberont en désuétude faute de candidats répondant au profil comme ce fut le cas pour la plupart des classes de sciences exactes qui ont disparu des cartes scolaires de plusieurs académies. Le second risque est que l'ensemble des unités d'enseignement d'une filière est devenu compressible, réduit souvent à une matière appelée technologie dont le volume équivaut à 6 heures hebdomadaires alors qu'auparavant un élève faisait, toutes filières confondues, en moyenne de 15 heures/semaine de technologie. Il est évident que l'alignement des horaires de l'enseignement technique sur ceux de l'enseignement général entraîne une réduction de l'offre pédagogique, notamment la part réservée à la pratique et à l'expérimentation. La tendance à la dévaluation de l'enseignent technique ne peut déboucher que sur une formation au rabais. Si le lycée technique n'a plus la fonction prioritaire de transmission, la culture technique en tant que telle, il s'écroule dans la mesure où la polyvalence élimine le savoir-faire technique. La transmission des gestes techniques passe alors par la voie magistrale incompatible avec le mode de cheminement de la culture technique.
Quand le ministère de l'Education perd la tête
L'opération d'une éventuelle généralisation de la filière technique mathématiques et économie détachée de la réalité scolaire, du niveau national de mathématiques et de physique est une fuite en avant et une imposture des concepteurs qui font dans le bricolage. Cette dernière a été avancée après que le ministre a découvert que 80% des enseignants du technique vont être en sureffectif . Un insidieux discours de la tricherie a commencé pour justifier les affirmations de transfert des enseignants démenties le lendemain. L'augmentation du jour au lendemain du taux d'orientation de 30% d'élèves est improbable, sauf si on veut transformer une filière d'excellence en filière de relégation. Dans la spirale vertigineuse des déclarations du ministre de l'Education par la voix de ses alliés conjoncturels, nous nageons en pleine frénésie collective. La proposition du ministère de l'Education sur la généralisation de la filière techniques mathématiques et économie qui a ravi le Cnapest est à la longue intenable à contre-courant de la revendication des enseignants de l'enseignement technique qui exigent l'abandon du plan de démantèlement des lycées techniques et techniciums et le maintien en place des équipes pédagogiques et du patrimoine matériel. Les enseignants du technique parviendront-ils à obtenir l'autonomie du pôle technique et à articuler l'enseignement dispensé dans cet espace avec les connaissances acquises dans l'enseignement général ? Pourront-ils aussi après le démembrement des filières imposer la reconnaissance de l'enseignement technique dans sa spécificité et obtenir la réouverture des filières supprimées ? L'appel à propositions, lancé par la CNLTT aux professeurs de l'enseignement technique, indique en filigrane les deux pistes possibles. La première piste consiste à renforcer ce qui existe déjà en rouvrant les filières qui ont été supprimées et en apportant une rénovation de la méthodologie de l'enseignement technique qui doit intégrer des savoir-faire et des savoirs nouveaux transférables, opérationnels et pluridisciplinaires (analyse fonctionnelle, analyse de la valeur, démarche qualité, standardisation, environnement, contexte de gestion, communication). La seconde possibilité est la correction des déséquilibres en volume horaire dans les contenus des programmes de la filière techniques mathématiques retenus par l'actuelle réforme, tout en maintenant une part importante du volume horaire à l'activité pratique contextualisée. Cela permettra de maintenir les équipes pluridisciplinaires, d'instaurer une égalité entre l'enseignement technique et l'enseignement général dans un cadre unifié. C'est d'ailleurs autour de ce canevas que s'articulera la 2e rencontre des lycées techniques et technicums prévue le 8 février 2007 à Alger. Par ailleurs, il faut savoir qu'il y a une responsabilité collective de ceux qui veulent sauvegarder l'enseignement technique. La riposte n'incombe pas seulement aux enseignants du technique mais à toute la société civile qui doit réagir et agir. L'auteur est Secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie


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