Depuis des années, les démocrates n'ont pas cessé d'appeler de leurs vœux l'avènement d'un cadre qui unifiera leurs rangs pour pouvoir faire contrepoids aux deux courants adverses, les conservateurs et les islamistes. Mais aussi, pour investir les institutions de la République, afin de se donner les moyens de mettre en pratique leur projet de société qu'ils ont toujours présenté comme la planche de salut de l'Algérie. Ont-ils, pour autant, accueilli avec enthousiasme la dernière initiative survenue sur la scène politique nationale, à savoir la tenue des états généraux des démocrates républicains, jeudi, à Sidi-Fredj qui ont posé les premiers jalons de ce cadre tant espéré ? Il ne semble pas que ce soit le cas. Deux jours après leur tenue, pas la moindre réaction de leur part. Le président de l'Alliance nationale républicaine (ANR), Rédha Malek, est pratiquement injoignable. Pour sa part, le secrétaire général du MDS, El-Hachemi Chérif, étant “en consultation” avec les cadres de son parti, a préféré temporiser avant de prendre position. Pourtant, la direction du parti a tenu, hier, une réunion. Un responsable du MDS nous a indiqué qu'une conférence de presse sera animée mardi, par El-Hachemi Chérif, pour donner la position du parti sur l'initiative des patriotes républicains. Le même jour, un document contenant “les propositions concrètes” du MDS sera rendu public. Comprendre que les chances d'adhésion du MDS à cette initiative sont minimes. Ce qui est loin d'être une surprise. Le parti d'El-Hachemi Chérif, qui, depuis sa “déconfiture” électorale de 1990, a refusé obstinément de croiser le fer avec les autres courants, en boycottant toutes les élections ultérieures, ne peut être agréé par une décision arrêtée lors des assises des états généraux des républicains démocrates. À savoir, la nécessité de la présence à l'élection d'avril 2004 à travers une candidature unique portant le projet de l'opposition démocratique. Mais la grande surprise — c'en est vraiment une ! — est à mettre à l'actif de Abdelhak Bererhi, le secrétaire général du Comité des citoyens pour la défense de la République (CCDR). Contre toute attente et à trois jours de la tenue des états généraux des démocrates, l'ex-ministre de l'Enseignement supérieur du temps du parti unique annonce le soutien de son organisation à la candidature de Ali Benflis. Il a expliqué son choix de “fond” par l'absence d'un candidat issu du courant démocratique en mesure de concurrencer le Président-candidat Abdelaziz Bouteflika. Donc, l'important pour lui est d'éloigner Bouteflika des affaires publiques et non pas de faire triompher le projet de société des démocrates républicains. En outre, il déplore l'absence d'une candidature démocratique, alors qu'à ce jour, aucun des leaders démocrates n'a déclaré ne pas vouloir participer à cette élection capitale pour l'avenir du pays. Et il sait, plus que quiconque, que l'objectif des états généraux, annoncé il y a quelques mois déjà, est de fédérer les forces démocratiques et pourquoi pas porter la candidature d'un homme issu du courant démocratique. Et alors ? Ceci dit, le poids du CCDR, dans le camp républicain même, est des plus minimes. On s'en souvient, il y a deux mois de cela, Abdelhak Bererhi a dû annuler une conférence-débat qu'il devait animer à la Maison du peuple de l'Ugta, faute… d'assistance. En tout et pour tout, une dizaine de personnes à peine ont jugé utile de venir l'écouter. Une question : Les démocrates sont-ils condamnés à ne pas s'unir ? Non. Pour deux raisons au moins. D'abord, parce que nombreux sont les acteurs de ce courant, venant d'horizons divers, ayant pris part au conclave de jeudi dernier. Ensuite, les démocrates ne se recrutent pas uniquement dans les structures partisanes, mais essentiellement ailleurs, dans la société civile, les institutions, etc. Reste à mener la grande bataille : leur mobilisation. A. C.