Le tissu économique public compte quelque 1500 entreprises qui emploient, selon les statistiques de l'UGTA, plus d'un million de travailleurs. La rude concurrence du secteur privé et le poids de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC menacent l'existence de ces entreprises. Entreprises confrontées à la réalité du terrain : soit moderniser les outils de production à même de survivre et de devenir concurrentielles, soit subir le processus de privatisation non sans des répercussions négatives sur les emplois. Sans cela, elles sont vouées à la fermeture. Et dans tout cela, c'est l'avenir d'un million de travailleurs qui est en jeu. Compte tenu de l'importance du dossier, qui a fait couler beaucoup d'encre, l'UGTA a inscrit cette question parmi les deux points cardinaux qui domineront les discussions lors de la bipartite, prévue début octobre, avant le Ramadhan. Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l'UGTA, l'a affirmé hier : « En plus du statut général de la Fonction publique, nous allons essayer de définir une stratégie économique en direction des entreprises publiques. » Ce sont les deux points principaux sur lesquels est centré le débat lors de la séance de travail du secrétariat national (SN) réuni, hier, à la Maison du peuple, à Alger. Le patron de l'UGTA s'est montré catégorique : « La question des privatisations n'est plus un tabou et nous ne sommes pas contre ce processus. Les réformes économiques doivent se faire. Mais la grande question qu'on doit se poser aujourd'hui est : comment mener ces réformes en préservant les postes d'emploi ? » Selon lui, il n'est plus admis de continuer à « rejeter la balle au gouvernement ». Pour lui, l'urgent est de « définir ensemble, avec le gouvernement, une stratégie globale pour la mise en œuvre de ces réformes ». « Il faut arrêter une mécanique de sauvegarde et de préservation de l'emploi, une sorte de tableau de bord », dira-t-il. La privatisation peut constituer, selon M. Sidi-Saïd, une solution pour certaines entreprises qui y sont « éligibles ». « Cette privatisation permet de maintenir l'outil de production et de créer la richesse », a-t-il ajouté. Ce qu'entend M. Sidi-Saïd par « richesse », c'est la préservation de l'emploi existant et la création d'autres emplois, d'assumer les charges sociales des employés et de payer les impôts. La centrale syndicale reste, selon lui, intransigeante et inflexible concernant l'informel. Il a condamné la léthargie du gouvernement sur cette question. En filigrane, les déclarations du n°1 de l'UGTA sont une réponse aux revendications de la Fédération de l'industrie agroalimentaire qui s'est révoltée contre le processus de privatisation enclenché par le gouvernement. M. Sidi-Saïd veut à la fois rassurer les travailleurs de ce secteur en inscrivant, à l'ordre du jour de la bipartite, leurs revendications et leur faire comprendre que « les réformes » doivent se faire « en tout état de cause ». Les syndicalistes seront associés à toutes les décisions. « L'UGTA n'est pas contre les réformes, mais qu'elles se fassent avec le partenaire social », a-t-il affirmé. Dans le sillage de ces mutations économiques, l'UGTA compte signer un pacte économique avec le gouvernement. M. Sidi-Saïd a affirmé que la centrale syndicale ira avec « une vision différente des précédentes ». Autre dossier capital à être examiné à la bipartite : le statut général de la Fonction publique. « Si on arrive à faire passer ce statut, je dirai que nous avons franchi un pas dans l'action syndicale. Nous allons vers un maximum de consensus », a indiqué M. Sidi- Saïd. Selon lui, le débat sur le statut général de la Fonction publique est lancé depuis dix ans. Son adoption, cette année, permettra l'élaboration des statuts particuliers. Dans ce registre, M. Sidi-Saïd reconnaît l'existence de « divergences ou désaccords sur un certain nombre d'articles ». D'après Abdelkader Malki, secrétaire national chargé des affaires publiques à l'UGTA, il y a 16 articles sur les 227 que compte le statut autour desquels le consensus n'a pas encore été trouvé. Ni Malki ni Sidi-Saïd n'ont donné plus de détails. En outre, la réunion du secrétariat national s'est articulée autour des exigences de la rentrée sociale et économique et l'évaluation des principaux dossiers inscrits sur la table des négociations avec le gouvernement. Le SN a ainsi établi l'ordre du jour final. D'autres dossiers seront abordés et débattus lors de la prochaine bipartite, à savoir la sécurité sociale, les mutuelles, la retraite, la médecine du travail, l'ANEM, l'exécution des décisions de justice, les salaires impayés, la prime de zone, la prime du Sud et la titularisation des contractuels et des vacataires. La centrale syndicale dit avoir confiance en les déclarations et assurances du chef du gouvernement quant à la préservation des emplois des fonctionnaires vacataires. Selon M. Sidi-Saïd, l'UGTA « fera tout pour arracher le maximum. Mais l'essentiel est qu'on a déjà une assurance : il n'y aura pas de licenciement ». La révision du statut du fonds d'aide aux travailleurs est également prévue à l'occasion de la bipartite. Pour M. Malki, ce fonds doit avoir un statut de gestion spécifique.