A la veille d'une bipartite qui s'annonce tendue, le patron de l'Ugta s'est voulu rassurant envers les travailleurs. S'exprimant dans les colonnes du quotidien El Moudjahid où la discussion a porté sur la rentrée sociale, le dialogue avec le gouvernement, les réformes, la vision de l'Ugta sur les questions de politique économique et sociale, Abdelmadjid Sidi-Saïd a soutenu qu'il n'est pas question de compression de personnel et qu'elle n'est nullement envisagée au sein de la Fonction publique. Cette assurance, le patron de la centrale syndicale la justifie par le fait qu' «on ne peut parler d'une part de reconsidération du statut de la Fonction publique en évoquant la compression et parce que, d'autre part, on constate une pénurie de personnel dans certains secteurs, éducation, travaux publics, au sein des collectivités locales». Sur sa lancée, Sidi-Saïd soutient que l'Ecole nationale d'administration n'arrive plus à faire face à la demande émanant des institutions publiques. «On constate aussi une absence cruelle en personnel intermédiaire et l'absence de recyclage» a-t-il ajouté. Le seul remède à ces carences consiste, de l'avis de Sidi-Saïd, en la réactivation des anciens Centres de formation administrative (CFA) disparus depuis les années 1980. C'est dans ce contexte que le secrétaire général de l'Ugta a tenu à préciser que les dossiers relatifs au statut de la Fonction publique et au problème de l'intégration des vacataires et autres contractuels seront «à l'ordre du jour de la prochaine bipartite, Ugta-gouvernement». Deux dossiers qui semblent lui tenir à coeur au point d'avancer qu'ils «seront traités avec toute la sérénité qui sied pour que fonctionnaires comme vacataires ou contractuels ne puissent jamais penser qu'ils sont des laissés-pour-compte». «Il est important que soit enfin pris à bras-le-corps la révision du statut de la Fonction publique qui détermine (...) la carrière du fonctionnaire et réglemente le volet salarial», a-t-il ajouté. Le but de cette révision du statut de la Fonction publique, resté figé depuis 1996, est «la codification d'un certain nombre de principes déjà soumis à l'examen du groupe de travail concernant le statut de la Fonction publique qui consiste à faire accélérer les conditions d'évolution de la carrière des fonctionnaires» a-t-il précisé. Dans cet ordre d'idées, il a par ailleurs qualifié de «jungle» le salaire et qu'il faudra, avec le gouvernement, lever, à ce sujet, toute équivoque. Pour y remédier, Sidi-Saïd préconise un traitement de choc afin de faire en sorte qu'à l'avenir l'élément salarial puisse apparaître comme un stimulant pour le fonctionnaire ou le travailleur. «Nous devons veiller à ce que le fonctionnaire ne soit pas poussé à la marginalisation, lui qui vit souvent dans des conditions difficiles, alors que sa mission première est de veiller au respect de l'éthique publique» a souligné Sidi-Saïd. Se voulant plus syndicaliste que politicien, le patron de l'Ugta met en garde le gouvernement quant à une nouvelle explosion sociale: «Il faut éviter que le fonctionnaire continue à vivre sous l'effet d'un salaire qui est le salaire de la peur». Quant au second qui sera soumis à la bipartite et relatif aux vacataires, Abdelmadjid Sidi-Saïd tient à préciser qu'il ne s'agit nullement «de revendication salariale mais plus justement de rétablissement du vacataire ou du contractuel dans son emploi». Tout en qualifiant de satisfaisants les résultats des travaux des groupes chargés de ces deux dossiers, le premier responsable de l'Ugta admet que quelques points restent encore à soumettre très vite au secrétariat national avant la tenue de la bipartite. M.Sidi-Saïd a, par ailleurs, annoncé que le secteur du marché informel sera abordé lors de la prochaine bipartite, du fait que ce secteur «parasite le secteur privé, occasionne un manque à gagner considérable tant au Trésor public, qu'aux caisses de la sécurité sociale et donc à l'Etat». Le secrétaire général de l'Ugta, qui évalue à environ deux millions les salariés qui exercent dans l'informel, affirme qu'il ne faut pas donner de blanc-seing à ce type d'activité parasitaire, car il a permis de permettre à certains groupes d'exploiter le chômage des autres, leur détresse, sans avoir de comptes à rendre à la collectivité nationale. Abordant l'activité économique, M.Sidi-Saïd estime qu'il est temps de «redonner son autorité à l'entreprise publique et de lever les carcans qui constituent, depuis toujours, des facteurs de blocage quant à son évolution». Pour Sidi-Saïd le privé «ne peut avoir, à l'heure actuelle, pour des raisons objectives une vision nationale de participation à l'effort de développement». Néanmoins, le patron de l'Ugta estime que toute «activité économique privée est la bienvenue si elle consent à s'inscrire et à s'insérer dans le cadre de cette politique de développement en y apportant sa plus-value». A propos de la situation qui prévaut dans le secteur agroalimentaire, Sidi-Saïd affirme que des discussions vont être engagées avec le gouvernement pour déterminer quelle place accorder au secteur, sans toutefois révéler quel sera le sort des travailleurs de ce secteur menacé de faillite et de privatisation. Sur la décision récemment prise par le président de la République d'une dotation budgétaire de 50 milliards de dollars en faveur du plan quinquennal de développement, M.Sidi-Saïd tout en saluant cette décision souligne «il nous appartiendra à l'avenir de vérifier comment cette enveloppe peut être utilisée sur le terrain dans tous ses compartiments».