Dénommée « délégation Stephanopoli » en raison du nom de l'initiateur de ce « pèlerinage », un terme que réfuteront les Corses, elle a surtout rendu visite au village de Sidi Merouane dans la wilaya de Mila, accompagnée par M. le Consul général de France en Algérie et prise en charge par l'agence de voyage constantinoise Galaxie. « Même si j'ai quitté l'Algérie à l'âge de 12 ans, elle reste mon pays au même titre que la Corse qui a vu naître mes ancêtres, dira Alain Stephanopoli de Connène. Je ne dis pas ça par démagogie mais par conviction profonde. Ce sont mes grands-parents qui ont fondé Sidi Merouane en 1874, et par respect aux locaux et à leur saint, Sidi Merouane, ils n'ont pas voulu changer le nom du douar. Je ne trouve pas de termes assez puissants pour exprimer ma joie, tout en fustigeant les autorités françaises, à cause desquelles le voyage a failli être annulé suite aux fameuses recommandations du quai d'Orsay qui voit en l'Algérie un pays à feu et à sang alors que tout respire la quiétude et la fraternité ». A Sidi Merouane, c'était vraiment un « Carnaval fi dechra » au sens noble du terme, car finalement il n'y a pas eu de présentation puisque tout le monde connaissait tout le monde. Stephanopoli a retrouvé ses marques et ses camarades de classe et bien sûr tout un chacun était au bord des larmes bien que d'autres se transformaient en madeleine à chaque phrase. « Cela vous paraîtra peut-être incroyable, mais à Sidi Merouane il n' y a jamais eu la guerre. Dès le début des hostilités, les Corses du village ont protégé à leur corps défendant tous les Arabes, et ces derniers nous l'ont bien rendu quand c'est le FLN qui prenait le dessus. D'ailleurs, tous les Corses parlaient l'arabe et tous les Arabes s'exprimaient facilement en corse. Pour vous dire, il n' y a jamais eu d'armée pour nous protéger. C'était la fraternité avec un grand F car nous ressentions, en tant que Corses ce que ressentaient les Algériens, étant tous les deux colonisés par un même colonisateur. Le lien est tellement fort entre nous et les Algériens que notre mouvement pour l'autonomie de la Corse a été baptisé FLNC en 1976, en hommage au FLN originel. Il a fallu que nous venions en Algérie, non pas en pèlerinage, mais pour tendre la main à nos frères en ces années difficiles ; d'ailleurs nous devions venir plus tôt, mais les politiciens français ont à chaque fois avancé des arguments fallacieux pour nous en dissuader ». Alain Stephonopoli doit revenir dans quelques semaines en Algérie pour achever l'opération de regroupement des sépultures de ses ancêtres, et déjà, avec ses anciens camarades d'école de Sidi Merouane, et bien qu'ils dépassent tous la soixantaine, ils prévoient de faire les fous comme au temps de jadis où Sidi Merouane parlait le corse.