Beaucoup de jeunes universitaires sans emploi défilent quotidiennement au siège de notre rédaction pour exprimer leur colère et leur déception. Ils en ont après Djamel Ould Abbès, le ministre de l'emploi et de la solidarité nationale et le taux national du chômage à 12,3% qu'il a annoncé. « Ce qu'affirme Ould Abbès est faux. Pour preuve où sont les contrats préemploi promis à chacune de ses nombreuses visites en différentes régions du pays, la toute récente à Annaba. Son ministère n'a même pas pu imposer aux banques d'accorder le plus grand nombre de crédits bancaires pour la création de micro-entreprises par des jeunes », ont-ils estimé. Ces mêmes universitaires étaient parmi ceux qui, il y a quelques jours, avaient bloqué la route menant au siège de la direction de l'emploi de la wilaya. Localement, ils remettent en question le quota très réduit des Contrats préemploi (CPE) octroyés par le ministère, la procédure de renouvellement des CPE et l'affirmation, faite récemment par le directeur de l'emploi, selon laquelle 43 000 postes de travail auraient été créés en 2006 à Annaba. « Qu'elles soient de l'intérieur ou côtières, toutes les wilayas sont confrontées à un problème chronique du chômage. Nous sommes restés en contact avec nos camarades des associations estudiantines de la plupart des régions universitaires du pays. Tous avancent que le chômage enregistre une hausse », affirment ces universitaires à la recherche d'un emploi. Cette information n'est pas faite pour réjouir les autorités locales. Ils ont fait de la baisse du chômage à Annaba leur nouvelle frontière pour l'année 2007. Même si l'on parle de la création en 2007 de 23 000 postes de travail sans préciser le statut, les chiffres moroses liés à des licenciements d'une manière ou d'une autre n'ont pas fini de tomber. Ils ont déjà enregistré la perte de plusieurs dizaines de postes de travail à durée déterminée. Dans les prochains jours, 180 autres permanents devraient disparaître à la plateforme pétrochimique. A Air Algérie, 19 ont été définitivement rayés de la liste sous le terme de « départ volontaire ». Traditionnellement pourvoyeuses d'emplois, les zones industrielles et d'activités à EL Bouni, Pont Bouchet, El Hadjar, Sidi Amar la Meboudja, Berrahal et Sidi Salem se sont transformées en cimetière des désillusions. En 2007, le nombre de demandeurs d'emploi augmentera d'une façon non négligeable. La prochaine sortie de nouvelles promotions d'universitaires, de techniciens supérieurs et de stagiaires de la formation professionnelle n'arrange pas la situation. Les 2300 contrats préemploi (CPE), octroyés par le ministère à Annaba, ne changeront pas grand-chose. La situation devrait empirer en 2008 avec l'arrivée sur le marché du travail de 3000 universitaires titulaires de la licence mastère doctorat (LMD). « L'action du ministère de l'emploi et de la solidarité nationale ne peut avoir que des effets marginaux. Avec la mise en place de la politique du CPE, tout ou presque a été inventé pour lutter contre le chômage. Les habillages et les emplâtres sont différents, mais les recettes sont les mêmes et aucune n'est miracle », a estimé A. Helassa, sociologue.