Le directeur du Festival de Berlin affirme avoir reçu 1200 films candidats à la compétition officielle. La sélection draconienne en a gardé 26 ! Dieter Kosslick a toutes les raisons de se réjouir du déroulement du festival cette année. Berlin : De notre envoyé spécial 19 000 professionnels sont présents à Berlin, dont 5000 participants au marché et 4000 journalistes qui ont la possibilité (mais hélas pas le temps) de voir les 160 films des diverses sections, sans compter les 700 films montrés au marché pour les acheteurs éventuels. Berlin signifie désormais big business ! L'économie de la ville profite largement du festival. On n'a jamais vu autant de chauffeurs de taxi, de restaurateurs ainsi joyeux qu'à Berlin en ce moment. Le festival en retour gagne aussi. Pour le budget total de la manifestation qui est de 16 millions d'euros, le gouvernement fédéral donne la moitié, le reste vient des recettes internes (vente des tickets, frais d'inscription pour les grandes compagnie du marché, accréditation, etc). Dieter Kosslick affirme que Berlin, comme Cannes, ne paye jamais les grandes stars pour leur participation. Cette pratique (scandaleuse) est celle de Dubaï, un festival surréaliste sorti du néant, qui paye des sommes déraisonnables pour que certains « poids lourds » d'Hollywood acceptent de se montrer... A Berlin, cette année, les « poids lourds » américains sont là, mais à leurs frais : Robert de Niro, Lauren Bacall, Jenifer Lopez, Matt Damon. L'attention des cinéphiles est plutôt focalisée sur quelques poids plus légers, mais hautement talentueux comme Jacques Rivette qui est en compétition cette année ou sur les 22 films venus d'Asie, afin de découvrir les dernières productions des studios de Shanghai et Hong Kong. Au marché du film, on ne compte pas moins de 12 compagnies asiatiques offrant leurs volumineux catalogues : Huayi Pictures et Meridien Pictures (Chine), Sahamongkolfilm (Thaïlande), Hong Kong Universe … En devenant plus commercial, le Festival de Berlin a perdu son ancrage politique (sauf quelques productions montrées au Forum). Si on considère surtout le nombre record d'acheteurs et de vendeurs de films, comme cette année, on a tendance à présenter le Festival de Berlin sous un autre jour et d'oublier d'où il vient. Le Festival de Berlin est, en effet, né pendant la guerre froide, avec un objectif essentiellement politique. La ville était divisée, occupée, quasiment coupée du reste du monde. Le festival montrait surtout dans son fief de Berlin Ouest les films qui étaient censurés et interdits à Berlin Est et dans les autres pays sous domination soviétique. Mais la chute du mur en 1989 a tout changé. L'aspect politique a perdu du terrain. Après la secousse du 11 septembre, le Festival de Berlin semble surtout tenir compte de l'inlassable défi de la globalisation. Dans un monde devenu fou (guerre d'Irak, agression sioniste contre le Liban, terrorisme, chômage en hausse et profits des multinationales plus en hausse aussi), le plus sage, pensent les Berlinois, c'est de faire du business…