Deux articles parus dans la rubrique ont inspiré nos lecteurs. A croire que ce sont les femmes qui s'intéressent le plus à l'éducation des enfants. Celui traitant de l'introduction des nouvelles technologies « Prévenir l'échec » et le dernier en date « Les cours payants : la source de la corruption ». Nous vous livrons leurs impressions et témoignages en espérant continuer le débat via les colonnes du quotidien. De Mme N. B. Enseignante à l'Université d'Alger Merci pour l'article du jour. Ce n'est pas la première fois que vous en parlez. Effectivement, ces cours gangrènent l'éducation de nos enfants. Que fait le ministère de l'Education devant cette situation que les parents ne cessent de dénoncer ? Il y a des écoles publiques qui autorisent leurs enseignants à donner des cours dans l'enceinte de l'école. Mon neveu est dans une école primaire d'Alger. Il se voit « obligé » de se farcir encore sa prof jusqu'à une heure avancée après les cours. Les exemples sont tellement nombreux. Et cela me révolte tous les jours, car j'ai moi-même ma fille en 2e année moyenne. Dans son collège, c'est la chasse aux parents encore récalcitrants ou sceptiques. Ceux qui n'ont pas encore inscrit leurs enfants aux cours payants. Mais comment soulever cette chape de plomb qui a emmuré les esprits de nos concitoyens ? Quand on en parle, ils se contentent de dire : « Il n'y a rien à faire. » Réponse Vous n'avez pas cité cette catégorie d'enseignants qui carburent au pognon des cours sauvages. Ce sont eux qu'il faut dénoncer. Quitte à placarder leur nom dans la salle des profs. Quant aux chefs d'établissement complices, il y a lieu de les signaler à leur tutelle. Cela est du ressort du bureau de l'association des parents. Mais vous ne montrez pas du doigt les parents trop consentants et assez naïfs pour croire à l'efficacité du surdosage et du bachotage. Ils ont besoin d'être informés et sensibilisés sur les dangers de cette pratique maffieuse. Le ministère vient d'initier des cours de soutien aux élèves candidats aux examens. Cette décision est la bienvenue, et elle mérite d'être soutenue par les parents. La généraliser dans un cadre mieux organisé loin du climat d'angoisse et d'inquiétude. Il ne faut pas que ce recours devienne la panacée. La solution définitive est d'ordre pédagogique : agir en priorité sur les programmes, les méthodes et le système d'évaluation. A. T. J'ai deux enfants scolarisés, l'un au lycée et l'autre au collège. J'ai remarqué qu'ils sont assidus des cybercafés, et ce, pour une raison particulière. Ils y vont pour « pomper » des textes sur Internet. C'est que leurs enseignants leur donnent tous les jours des exposés à faire et qui nécessitent des recherches sur le Net. En tant qu'ancienne enseignante, je me suis intéressée à leur manière d'agir avec cet outil magique. Grande fut ma surprise ! Ils détectent le thème sur la Toile, sélectionnent des paquets de textes et impriment le tout. Un simple clic en « copier/coller » et le tour est joué. Ils agrafent les feuilles, déboursent le montant – et ça chiffre ! – et remettent leur travail à leurs enseignants. Figurez-vous qu'ils leur arrive d'obtenir de jolies notes. Où est la réflexion, l'effort de recherche et de rédaction ? Mme Safia de Tizi Ouzou Réponse Totalement d'accord avec vos questions. Un tel usage de l'informatique mène nos enfants à la paresse intellectuelle. Ils en useront à des fins utilitaires seulement – et encore ! A un âge où ils ont besoin d'avoir leurs structures mentales en plein exercice pour les développer, les voilà contraints de les mettre en hibernation. A l'évidence, ces enseignants ignorent les tenants et les aboutissants de l'exposé. Il s'agit d'un exercice de l'esprit qui se prépare en classe. On initie ses élèves à la méthode à suivre pour le réaliser. On les incite à fournir des efforts dans la recherche de l'information par le biais de différentes techniques (et pas seulement le Net). Au bout du compte, le maître aura à évaluer et à apprécier la manière dont les élèves ont eu à négocier les difficultés rencontrées. Quant à l'usage de l'ordinateur, il peut — dans le cas d'un usage intelligent — faire acquérir aux élèves des attitudes et des habiletés intellectuelles et cognitives : l'esprit d'analyse et de synthèse, la capacité de résoudre des problèmes, le sens de la recherche et le goût de la découverte… Bien entendu, lorsque la logique de la note prime, c'est le laxisme qui prédomine. Pas de temps de corriger ou de rechercher. L'essentiel est dans le chiffre à placer en haut du devoir remis et à transcrire sur le bulletin. Un auditeur de la Chaîne III a relaté la bourde de son fils et reprise par son enseignant. Ce dernier a demandé à sa classe de réaliser un exposé sur le musée du Bardo. L'élève a cliqué sur le nom Bardo. Il a récolté une riche moisson sur... la sulfureuse actrice française. Aux dires de son père, il aurait reçu sa note et bien chiffrée. No comment !