L'ancien sélectionneur de l'équipe de France des années 1980, Michel Hidalgo, reste un passionné du football, malgré ses 73 ans. Hier, il était l'invité de l'Algérie, pour la deuxième fois en une année, cette fois à l'initiative du tri-hebdomadaire sportif Le Buteur - El Heddaf, dans une conférence débat sur le football algérien et les solutions pour son développement, tenue à l'auditorium de la Radio nationale. L'entraîneur qui a offert la première coupe d'Europe des nations à la France, en 1984, suit toujours et avec beaucoup d'intérêt l'évolution du football algérien. Son constat est malheureusement amer : « Le football algérien traverse une mauvaise passe depuis plusieurs années déjà. » Selon lui, la sortie de la crise passe impérativement par la création d'un centre de formation national, avant de songer à l'instaurer au niveau des clubs. « C'est grâce à cette voie que la France est devenue une grande nation de football. » Pour mieux illustrer le gros travail effectué chez les jeunes, Michel Hidalgo cite l'exemple du centre de formation de Clairefontaine. « Chaque année, nous avons plus de 2000 demandes de jeunes entre 13 et 15 ans qui veulent intégrer ce centre dont une petite partie seulement devient professionnelle. » La rigueur dans la préparation est la clé de la réussite. La formation d'un joueur doit permettre à ce dernier de pouvoir jouer 30 à 40 matches par saison. Le football ne pourra pas progresser sans d'autres facteurs essentiels, à savoir la compétence et les moyens, précise l'orateur. Il affirme que l'Algérie est une terre de foot et la réalisation de ce projet ne nécessite pas de gros moyens, mais plutôt une grande volonté. « J'ai été sollicité l'année passée pour apporter ma contribution afin de redonner un nouveau visage au football algérien et j'ai accepté avec plaisir. J'ai un projet de partenariat intéressant avec l'Olympique de Marseille. Si on l'accepte, je serai prêt à apporter ma contribution », dira-t-il avec une note d'espoir de revoir un jour le football algérien dans le gotha mondial et africain. Le conférencier estime que l'état des lieux du football algérien ne favorise pas l'émergence de grands footballeurs. Beaucoup de choses doivent être revues, notamment dans le domaine de la formation et la préformation avec la mise en place d'entraîneurs-formateurs, la programmation de stages de formation pour eux et mettre à leur disposition une banque de données ou un département d'information, l'aménagement de nouveaux terrains pour les jeunes... En un seul mot, Michel Hidalgo dira : « Il faut un environnement favorable pour la formation des jeunes joueurs et la progression du football. Pour cela, l'Etat doit s'impliquer davantage. » Accompagné de l'ancien joueur français Jacky Bonnevay, reconverti dans la formation à la fin de sa carrière, avant d'entraîner plusieurs clubs en France, puis le WA Casablanca et aux Emirats arabes unis, ce dernier explique l'organigramme de travail dans les centres de formation, mais affirme que la clé de la réussite « c'est d'aimer ce métier et le faire avec cœur et volonté ». Jacky Bonnevay qui a joué avec plusieurs joueurs algériens, à l'image de Djadaoui et Korichi..., avant d'en entraîner d'autres, tels que Saïfi, Meniri, Akrour, Ziani et Ghazi entre autres, est mieux placé pour connaître les forces et les faiblesses du footballeur algérien. Il affirme que l'Algérien est doué techniquement et possède beaucoup de qualités, mais il est beaucoup plus préoccupé par la beauté du geste que par l'efficacité. Il est aussi impulsif, colérique et pas tout à fait discipliné durant tout le match. « Ce sont des qualités et des défauts du joueur algérien qui peuvent être préservés et perfectionnés ou supprimés à la base, dans le centre de formation », dira-t-il avant que le DEN, Fodhil Tikanouine, ne clôt le débat par la problématique du contrat juridique du joueur avec le centre de formation.