Le ton choisi par la direction du parti a relégué au second plan les motifs politiques qui transparaissaient à peine dans le discours, pourtant attendu, du secrétaire général Ahmed Ouyahia. Prudence ? Oui et beaucoup même, mais on pouvait sentir aussi un manque d'assurance dans l'ambiance générale qui transformait l'occasion en une fête où l'on désirait ne pas trop s'attarder. Beaucoup étaient présents hier à Constantine, choisie symboliquement pour avoir été la ville d'origine du père fondateur du RND, le défunt Abdelhak Benhamouda. Mais l'image d'Ouyahia assis en première rangée entre le fils de Benhamouda et le général en retraite Mohamed Betchine interpelle sur la véritable symbolique de ce choix et certains ont voulu y voir un grand retour de l'ancien bras droit du président Zeroual sur le devant de la scène, celle d'un RND qui doute et qui n'a plus la force de ses grands jours. Avec beaucoup de doigté, Ouyahia prononcera un discours de circonstance dans lequel il a préféré éviter de s'engager dans des sujets à polémique en relatant les circonstances de la naissance du RND, son parcours en dix ans et ses choix politiques. Ouyahia « l'éradicateur » s'est rappelé le premier attentat terroriste et les huit policiers victimes de la rue Bouzrina pour affirmer l'engagement de son parti dans la lutte antiterroriste, en avertissant sur les dangers des tergiversations devant les nouvelles formes de ce terrorisme, dont il ne prononcera jamais l'adjectif « islamiste ». Il tentera, cependant, un clin d'œil discret à l'actualité accaparée par le phénomène de la corruption qui ronge les rouages de l'Etat et le jugement de l'affaire Khalifa, en rappelant qu'il était, lui, à l'origine de l'opération controversée baptisée « mains propres ». Il n'oubliera pas d'inviter ses cadres et militants à se préparer pour les prochains rendez-vous électoraux devant lesquels le RND d'aujourd'hui semble sceptique et doute de ses capacités de mobilisation, à moins d'avoir de nouveau les dons du pouvoir qui l'ont fait gagner à sa naissance en 1997.