Le secrétaire général du RND a défendu la réconciliation nationale sans souffler mot sur l'amnistie générale au motif qu'il ne convient pas “d'anticiper sur les événements”. “L'Etat est déterminé à assainir la situation liée au détournement des terres agricoles et de l'argent public”, a asséné Ahmed Ouyahia, hier au cours d'un meeting organisé à la salle Ibn-Khaldoun à l'occasion du 8e anniversaire du RND. À la sortie de la salle, des proches du secrétaire général du rassemblement, et non moins chef du gouvernement, nous ont confirmé que les déclarations de leur chef ne relèvent pas d'une simple mise en garde. Elles annoncent bel et bien une guerre que mèneront les institutions de l'Etat — et bien évidemment la justice — contre les personnes impliquées dans le détournement des terres de leur vocation agricole, et ce, quel que soit leur niveau d'influence à différents échelons des centres de décision. “Ce dossier provoquera un scandale équivalent à celui de l'affaire Khalifa”, nous a-t-on confié. D'ailleurs, Ahmed Ouyahia a reconnu devant les cadres et militants de son parti ainsi que ses invités (le secrétaire général de l'UGTA Abdelmajid Sidi-Saïd, son homologue à l'ONM Saïd Abadou, le représentant du FLN Abderrezak Bouhara…) que l'entreprise ne saurait se solder en une année, car les mis en cause useront de tous les moyens, y compris de trouble à l'ordre public, pour maintenir leur tête hors de l'eau. Comme attendu, le secrétaire général du RND a longuement discouru sur la réconciliation nationale qu'il dit soutenir inconditionnellement car elle permet, dans le prolongement de la loi sur la Rahma (mise en œuvre en 1995) et la politique portant rétablissement de la concorde civile, de faire revenir la paix dans le pays. Il n'a pas soufflé mot, néanmoins, sur l'amnistie générale. “N'anticipons pas sur les événements et ne faisons pas dans la surenchère.” C'est l'unique allusion qu'il s'autorisera à faire sur le projet en gestation du président de la République. Sa prudence ne peut être que tactique puisque tout au long de son discours, il n'a eu de cesse de réitérer le soutien de son parti au programme du chef de l'Etat. “Nous avons choisi de nous mettre au service de l'Algérie par conviction et non pas pour un quelconque intérêt.” À ce titre, il a assuré que l'alliance présidentielle n'a pas été créée pour “se partager un butin, mais pour porter un projet d'Etat”. Il a attribué l'essence des critiques, dont elle fait l'objet, à une inquiétude qu'elle suscite chez les formations politiques qui ne parviennent pas — ou plus — à occuper une place de choix sur l'échiquier politique. “Si les partis ne s'activent que dans les salons, vivement qu'on revienne au parti unique.” De l'avis du secrétaire général du RND, le pluralisme politique n'a plus aucune raison d'être s'il n'a pas de prolongement effectif sur le terrain. Tout en donnant l'impression de défendre mordicus le pacte politique, conclu avec le FLN et le MSP, Ahmed Ouyahia n'a pas manqué d'écorcher, au détour d'une phrase anodine, l'ex-parti unique. “Le RND a été créé pour être de tous les combats. Nous sommes des novembristes, sans chercher pour autant à accaparer la symbolique du 1er novembre”. Il a clamé haut et fort que les objectifs fixés par la révolution algérienne n'ont pas été accomplis. “Si nous avions respecté les engagements du 1er novembre, nous n'aurions pas vécu une conjoncture durant laquelle des algériens s'entredéchiraient.” Il a affirmé que le sens du patriotisme a été dénaturé de telle manière à ne plus rien signifier aux yeux des citoyens. “Celui qui pense que le nationalisme est une attitude conservatrice se trompe”, a-t-il lancé avant de redéfinir le concept. “Pour nous, le patriotisme est une arme et un bouclier.” S. H.